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cognoissance de plusieurs choses naturelles par l’inspection des parties interieures, nous ignorerions beaucoup de secrets de la conception : car communement les femelles ne sçavent en raporter chose certaine, ains ce qu’elles en dient est par conjecture : mesmement ignorent beaucoup de raisons sur les termes de la generation, qui neantmoins sont manifestes à un homme qui aura anatomisé les animaux pregnants, ne croira lon pas que celuy qui aura fait la dissection des femelles de divers animaux trepassez en leurs gesines, pourra mieuls parler des choses des femelles, que ne feront toutes les sages femmes du monde ? Lon trouvera peu de gents, & les femmes mesmes, qui ne veullent bien maintenir que la semence des femelles est necessaire pour concevoir du masle : & toutesfois nous pouvons bien prouver par l’authorité d’Aristote que c’est chose faulse, car au premier livre de la generation des animaux, au chapitre dixneufviesme il ha dit pareils ou semblables mots. Sed quum menstrua sint quod foeminis fait perinde ut maribus genitura, nec fieri prossit ut duae simul secretiones seminales agantur, ideo semen à foemina non conferri ad generationem, apertum est : nam si semen esset, menstrua non essent : nunc ideo illud dcest, quia haec sunt. sed menstrua esse excrementum, ut semen, explicatum iam est. C’est à dire : Mais comme ainsi soit que les menstrues sont en l’endroit des femelles, comme la semence generative est es masles, il ne se peut bonnement faire que les femmes puissent avoir deux matieres seminales tout à une fois : parquoy il est manifeste que la semence de la femelle n’est pas necessaire, ains de nulle utilité, ne servant rien à la generation : car si c’estoit leur semence qui y servist, il n’y auroit aucun besoing des menstrues. Donc puis que les menstrues y servent, la semence y est inutile. Et tant la semence que les menstrues sont excrements utiles, chose qui ha esté des-ja dicte. Tout cela, ou choses semblables ha dict Aristote. Or pour declarer mieuls son opinion, il faudra voir ce qu’il ha escript au vingtiesme chapitre du premier livre de la generation des animaux. Ceux, dit il, qui pensent que la semence des femelles puisse servir à la conception, allegants qu’elles ont quelque fois autant de plaisir que les masles, & mettent hors de l’humeur seminale, sont abusez : car tel humeur n’est pas proprement humeur de semence : joinct aussi qu’elle n’advient pas tant à celles qui sont de bonne couleur, plus robustes, & comme demis hommes, comme à celles qui sont delicates, & molles, & plus feminines. Gaza traduisant Aristote l’a escript en ceste maniere. Quod autem semen conferri à foemina per coitum nonnulli existimant, propterea quod interdum simili voluptate afficiatur, ut mas, simulque aliquid humoris secernat, in non huntor seminalis est, sed loci proprius : uteri enim excretio est, quae aliis evenit, aliis non. Evenit (quod plurimum dixerim) iis quae nitidae foeminaresque sunt, non evenit iis, quae fuscae atque viragines. Copia vero quibus evenit, non pro seminis emissione interdum est, sed multo excedit, etc. Galien au livre de sectis philosophorum n’a du tout contrevenu à telle opinion. Car il dit en ceste maniere. Pythagoras, Epicurus, & Democritus (dit il) foeminas quoque semen profundere arbitrantur, ut pote quae praeditae sint seminabilibus vasis quae in uterum ex adverso emittunt, quod deinde in causa est ut etiam mulieres seminis usum appetant. Aristoteles, & Zena humorem quidem ab eis profluere aiunt, qui tamen non sit concoctum semen, vel quidam veluti sudor ex fatigatione congressus excitatus. Hippo foeminas non minus maribus, effundere semen credidit, quod tamen ad conformationem foetus non com ducat, cum extra uterum incidat unde & mulieres aliquot, imprimis vero viduas, absque virt li complexu semen interdum profusisse. Or Aristote voulant prouver que ce qu’on