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la commune maniere des autres animaux, n’en puisse estre emplie par ce moyen. C’est ce qui ha trompé nostre vulgaire de voir leurs femelles saulter sur les masles. Les anciens avoyent d’autres opinions, aussi faulses que ceste cy : Car ils pensoyent que la Civette qui avoit nom Hyaena, & le Bedouaut ou Blaireau, qui avoit nom Trochus, & le Rat de Pharaon, qui avoit nom Ichneumon, n’eussent point de distinction des masles aux femelles, qui est chose contre le verité, comme aussi est de penser que les os des femelles se desassemblent par les eines, lors qu’elles mettent leurs petits hors des matrices. Toutes femelles des animaux sanguins, & qui rendent leurs petits en vie, sont subjectes à certaines purgations appellees menstrues. Mais entant que ce sont excrements provenants du sang de la derniere digestion, il fault dire à quoy ils servent : C’est que comme nous voyons que les animaux ne peuvent concevoir sans avoir entré en chaleur : aussi ceux à qui nature ha denié telles purgations, sont communement steriles, au contraire des autres qui les ont euës, lesquels se trouvent preparez pour recevoir les semences, & concevoir des masles. Il fault entendre que les purgations des femelles sont excrements utiles : & pour utile excrement soit entendu celuy qui peut ayder à nature : comme au contraire inutile, celuy qui ne peut plus de rien servir. Tels excrements, qu’on nomme menstrues, ne sont si abondants en une espece d’animant, comme en l’autre : Car il y en ha plusieurs qui n’en ont point du tout, comme ceux qui sont couverts de plumes & d’escorce dure, c’est à dire oyseaux, & serpents, & quelques lesars, d’autant que nature ha fait consumer tel humeur en la generation des plumes, & escorces desdits animaux. Ceulx qui ont quatre pieds, & qui rendent les petits en vie, ne les ont pas en une mesme maniere, ains en ont beaucoup moins que l’homme. Et entant qu’ils sont de plus seiche nature les uns que les autres, ils les ont diversement. Il n’y ha aucun animal à quatre pieds couvert de poil, qui ne se mue une fois l’an, comme aussi touts oyseaux se despouillent de leurs plumes en quelque saison de l’annee, principalement apres avoir eslevé leurs petits. Nature ha assigné les portees à chascun animal en certain temps deputé : mais entant qu’ils sont de diverses especes, les uns portent plus long temps, les autres moins, selon leur genre. Mais l’homme ha esté aucunement mal traicté en cest endroict : car telles fois les femelles prennent leur terme à sept mois, les autres à huict, à neuf, à dix, & bien souvent durent jusques à unze. Il est en proportion à toutes femelles pour le devoir de la conception, d’avoir leurs purgations sevants à la generation, comme aux masles est leur semence. Les menstrues leur proviennent de l’excrement de la derniere digestion, comme la semence des masles, & aux femelles celle humeur qui leur est au lieu de semence. Cecy se prouve par la comparaison des masles, qui ne peuvent donner leur semence, s’ils ne sont en aage competent, auquel temps les femelles encor jeunes n’ont leurs purgations. Mais au contraire lors qu’ils commencent d’avoir vertu à tel effect, aussi les femelles de mesme aage, commencent à avoir leurs purgations, & leurs mammelles à croistre : comme encor au contraire lors que la puissance d’engendrer commence à s’abolir es masles aagez, les purgations cessent aux femelles ja vieilles. Ceux qui sont entrez en erreur de cuider que les femelles sont de nature plus chaulde que les masles, ont prins leur occasion de ce qu’on voit les femelles des animaux terrestres entrer en chaleur, & que les masles n’y entrent pas : mais en ce ont esté mal informez. Si ce n’estoit que l’Anatomie nous donne