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que les oyseaux qui les ont si petits. Mais attendu qu’il n’y ha aucun masle, s’il ensuit l’ordre de nature, qui n’ait deux genitoires, tout ainsi les femelles de touts animaux, n’en exceptant aucunes, en ont aussi deux. Et comme les semences des plantes se fendent en deux parties pour mettre le germe en terre, tout ainsi la matrice, & genitoires des femelles, & ceux des masles, & de touts animaux sont separez en dextre, & senestre partie. Les femelles des oyseaux ont certains conduicts cachez leans, qui se rendent à quelques charnures glanduleuses, nommees Prostates, ayants cela correspondant aux genitoires des masles : comme aussi les oyseaux masles en oultre que leurs testicules leurs sont apparents attachez aux reins, ou encores les Prostates. L’Elephant, & le Herisson, comme aussi toutes especes de serpens, & lezards, ont cela de commun avec les oyseaux, que leurs genitoires sont attachez en dedens contre les reins : Mais (à ce que dit Aristote, au premier livre de la generation des animaux, chapitre cinqiesme) le Herisson ne se peut conjoindre à la femelle, si tous deux ne sont debout sur leurs pieds de derriere, pour l’empeschement des esguillons. Et comme les membres des masles ont diverse situation, aussi les matrices sont diversement colloquees. Les oyseaux & autres animaux qui ont les testicules cachez en dedens, n’ont beaucoup de destours es vaisseaux spermatiques. C’est la cause pourquoy ils sont plus prompts & plus vistes à faillir leurs femelles, au contraire de ceux qui ont eu à faire de plus long genital, & qui ont les genitoires gros & pédants, esquels lon trouve beaucoup de revolutions & anfractuositez. Mais comme nature leur feit ce bien pour eviter la violence, aussi elle les rendit tardifs en saillant leurs femelles : car aussi bien avoient-ils à faire de contrepois, pour tenir le membre tendu, sçachans qu’il y ha longue distance de la premiëre entree exterieure, à l’interieure qui est conjoincte à la matrice. Or maintenant que voulons parler des conceptions des oyseaux, & en faire ample discours sans nous esloigner de nostre principal propos, ne le pouvons bonnement faire, que par la comparaison, avec celle des autres animaux, lesquelles conceptions nous pretendons acorder avec ce qui nous est manifeste des renouvellements de toutes herbes & arbres, pour rapporter au naturel de l’homme. Et qu’il soit vray, cognoist-on aucun arbre qui ne se purge de ses excremens, au moins une fois l’an ? Ceuls que nous voyons retenir leurs fueilles en hyver, ne sont exempts pour cela, de se despouïller lors que les nouvelles productions des bourgeons sont venuës aux autres. Et pour le sçavoir, il faut y prendre garde. Les nouveaux germes des arbres sortent avec leurs fleurs, qui est chose correspondente aux purgations des animaux, puis que cela advient avant leurs conceptions. C’est donc alors que nous jugeons les plantes estre pregnantes, quand nous leur voyons porter beaucoup de fleurs : car c’est dont puis aprés est engendré le fruict pour maintenir son espece. Mais tout ainsi qu’ils sont diversement produicts, selon diverses especes, ainsi est des oyseaux & autres animaux : desquels les uns portent fruit une, deux, ou trois fois l’an : les autres de deux, ou de trois en trois ans une fois. Tout ainsi se peut dire des plantes. Car il y en ha qui portent semences incessamment, Les autres une fois l’an, les autres de deux en deux ans, les autres de trois en trois, & ainsi des autres tant du plus que du moins, comme nous dirons par cy aprés. Les plantes auront plus long discours, pour leur part en autre endroit en nos commentaires sur Dioscoride. Parquoy pour mieuls faire la comparaison des conceptions : des oyseaux intelligible, y entremeslerons presentement celle de l’homme.