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dont peu apres est engendree une autre maniere de verm totalement immobile. Toutes Chenilles ont puissance de former une certaine toile semblable à celle d’une Aragnee. Il y en ha d’autres qui font comme une maniere de bogue dure pour s’enveloper, qui est de la figure d’un gland : Car on les trouve diversement enfermez, selon la diversité de la Chenille : qui puis est transformee en verm, & demeure long temps leans : mais sur la fin rongeant sa bogue, ou couverture pour sortir, alors prend forme de Papillon, qui devient en telle couleur que celle de la Chenille, dont il a esté transmué : lequel de la en apres se maintient en vie sans manger, comme aussi ne fait aucuns excrements. Touts Papillons s’accouplent masle & femelle, mais peu apres la femelle pond des œufs, qui sont de la grandeur des semences de mil. Et comme diverses manieres de vermines se transmuent en diverses especes de Mouches, tout ainsi deviennent en diverses figures, comme il appert par les Cantarides, Freslons, Tavans, & autres infinis qui portent des aelles, les unes doubles & separees, dont ils ont esté nommez Quadripennes. Mais ceux qui en ont de plus dures, qui en couvrent d’autres transparentes par dessoubs, sont autrement nommez Vaginipennes, qui sont dictions qu’on ne peut rendre en Françoys par un seul mot. Nature octroyant à toutes manieres des Chenilles & Mouches venants de verms, de se paistre des fueilles & bourgeons pendant qu’elles se maintiennent en tel estre, leur ha aussi permis de rendre leurs excrements. Mais depuis qu’elles deviennent Papillons, elles ne mangent plus. Les Papillons sont de diverses couleurs, comme aussi estoyent les Chenilles, desquelles ils ont esté transmuez. Nous n’en dirons d’avantage pour le present, non plus que des Sauterelles, Cigales, Mouches guespes, Fourmis, & autres insectes aellez : remettant à les specificier, & pourtraire en autre endroit mieux à propos avec les animaux infectes, lesquels avons observez en aussi grande nombre comme les oyseaux, & avons plusieurs choses merveilleuses & notables en leurs anatomies.

Description des choses necessaires servantes à la conception, & generation des oyseaux, conferee avec celles de autre animaux.
CHAP. V.


AFIN que cy apres lors que dechifrerons les matieres servantes à la generation tant des oyseaux, que des autres animaux, les lecteurs ne trouvent noz propos impudiques, userons des termes le plus chastement que faire se pourra, sçachants qu’il y ha maints secrets en nature, dont l’intelligence en est plaisante, & desquels le sçavoir est reputé honneste, les pensant en son esprit : toutesfois qui les pronunceroit, en seroit trouvé deshonneste. Parquoy mettant telles choses en escript, & voulant que les personnes chastes ne se sentent offensees de la lecture d’icelles, ferons qu’ils ne les trouveront en mots mal convenants à l’honnesteté de nostre langue. Donc nature ayant voulu que les generations, & conceptions des animaux fussent diverses les unes aux autres, feit que les uns, qui sont produicts moyennant la semence du masle & qui rendent leurs petits en vie, seroyent dissemblables, à ceux qui proviennent des œufs, comme il appert par les œufs des oyseaux encor vierges. Parquoy comme les unes sont produictes de semence par