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La disposition des premiers elements es corps des oyseaux, & autres animaux, & plantes, conferant la nature des uns avec celle des autres.
CHAP. III.


IL EST requis à celuy qui s’entremet d’enseigner quelque science, ou mestier, ou autre chose qu’on apprent par exercitation, commencer par les premiers elements & principes d’icelle, sçachant qu’il fault que l’apprentis n’ignore les noms de ses outils. Donc apres avoir declaré les principaux articles de c’est œuvre, & l’ordre d’iceluy, avons mis la consideration de toutes les parties des animaux tant composees que simples en avant, à fin que cy apres n’ayons à redire les choses tant de fois. Mais pource qu’il advient souvent que quelque tiltre facheux desgouste le lecteur, pensant iceluy n’estre de la matiere proposee, ne fauldra trouver estrange voir les oyseaux mis en comparaison à l’encontre du naturel des autres animaux, & plantes, joinct qu’il n’y eut onc Philosophe qui ait exactement parlé de la nature du corps humain, que par la comparaison faicte d’iceluy, avec celle des dessusdicts, & des plantes : car pendant qu’elles sont en vigueur, ont leur accidents comme les bestes terrestres : & parce les advouons participer de vie comme les autres animaux, & avoir leurs principes, leurs aages, & fin, & estre sains & malades, & s’enviellir, & mourir, comme les animaux : & que comme il est en la puissance du masle d’engendrer en autruy, & à la femelle de recevoir en soy mesme, ainsi la terre est comme femelle & mere de ses productions, & le Ciel, Soleil, Lune, Estoilles, & L’aer, comme le pere de tout ce qui est produict es elements. C’est de la qu’il est estimé comme animal parfaict en toutes ses parties, enfermant les quatre principales differences d’animaux en sa circunference, desquelles Platon en met une, qu’il nomme espece de Dieux coelestes de nature ignee, c’est à dire de feu, & qui sont de ronde substance, pource à nostre jugement, que la figure orbiculaire ou spherique, est la figure entre toutes les autres la plus parfaicte & absoluë : mais nous n’en avons rien d’avantage en ce lieu, non plus que des aquatiques, ou de ceux qui ont leur demeure en terre, sinon que conferant la nature des uns & des autres, & des substances qui sont en l’estre de nature, les rapporterons à celles des oyseaux, desquelles substances entendons les unes non engendrees de quelque pere ou mere, & estre permanentes & immortelles à toute eternité, c’est à dire n’estre subjectes à corruption : & les autres avoir esté engendrees, & estre subjectes à prendre fin. Mais pource que communement les hommes ne peuvent aisément contempler les premieres, pour estre matiere trop haulte & divine, & de laquelle n’en ont rien manifeste à leurs sens, ils s’aydent des puissances d’icelles pour rechercher ce qu’ils appetent sçavoir es dernieres, qu’ils cognoissent estre subjectes à prendre leur commencement d’autruy, & se aneantir sur la fin. Ce sont telles dernieres substances qui peuvent tumber soubs nos sens, c’est à dire qu’on peult voir, gouster, toucher, ouïr, sentir, esquelles les medecins s’arrestent le plus. Car ayant mis leur principal devoir sur la contemplation des œuvrres de nature, lontl’ont nommee Physiologie, c’est à dire en celle partie de medecine qui precede les autres & dont elles dependent totalement. Et qu’il