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doulce que de salee. Au quatriesme descrirons les oyseaux des maraix, que les Latins nomment Aves palustres, qui n’ont le pied plat, ne large, & qui ne sçavent nager sur l’eau. Le cinquiesme livre traictera des oyseaux terrestres, tant de bois que de campagne : sçavoir est qui ne volent beaucoup, & font leurs nids en terre. Le sixiesme comprendra les oyseaux des boscages, hantants les bois de haute fustaye, les prairies, pastiz, & lieux champestres, vivants indifferemment de toutes sortes de viande. Au septiesme & dernier nous descrirons les petits oysillons qui hantent les hayes & buissons, espines & ronces. Les uns vivent de toutes manieres de vermine & infection, que les Latins nomment Infectes, c’est asçavoir mouches, fourmis, chenilles, escharbots, & autres telles petites bestes : comme aussi les autres vivent de chair, les autres de fruicts, les autres de grains & semences : desquels plusieurs nous sont cogneuz & domestiques, les autres sont sauvages & incogneuz. Il y en a qui vivent seulets, les autres en compagnie : parquoy voulants traicter d’un chascun, suyvant ce qu’en avons trouvé en son naturel, & selon ce qu’ils sont naïfvement appris des leur naissance sans l’artifice des hommes : en ferons description en nostre langue, prenans l’appuy de l’opinion & authorité des anciens. Mais fault noter qu’en tout ce discours, autant qu’il nous sera possible, rendrons les noms Grecs & Latins avec les François à chasque oyseau, à fin que le moderne en ait plus d’authorité. Et pource qu’il a esté force de mettre aucunes dictions Grecques, & quelques fois des clausules Latines, ce lieu soit pour nous en excuser : car par tout avons fuy de inserer mots estranges, sinon ou n’avons sceu faire autrement.

L’ordre qui sera tenu en la description, & pourtraict des oyseaux.
CHAP. II.


NATURE avoit donné l’air aux oyseaux pour leur assignation à se conserver en vie, voulant qu’ils fussent sauvages & en pleine liberté : mais les hommes tournants l’usage de toutes choses à leur commodité, apres avoir sceu dompter les uns, & les rendre privez, ont encor inventé diverses manieres de prisons pour les enfermer, à fin de les engresser, & les rendre plus tendres, ou pour avoir plaisir en leur beauté exquise, ou bien en leurs plaisantes chansons. Nous dirons les noms, tant des uns que des autres, & principalement de ceux qui ont appellation vulgaire en nostre langue : car il est à presupposer que comme les Hebrieux, Chaldees, Arabes, Grecs, Latins, & autres, dont nous lisons les escriptz, leur ont imposé les premiers noms de divers accidents, aussi nous avons fait le semblable en nostre endroict. Et que ainsi soit, chascun sçait que les Grives, Flambards, & tels autres sont nommez à cause de leur couleur. Les Coquus, Grues, Cocs, Canes, & tels autres, sont nommez à cause de leur voix. Le Traquet, le Grimpreau, le Hobreau, & tels autres ont pris leurs noms de leur contenance. Il semble que nostre vulgaire ait traduict les noms du montain des Verdiers, Tercots, & tels autres des pures dictions Greques. Donc à fin que ne soyons trouvez confuz en exprimant les noms des oyseaux, avons eu esgard à les distinguer selon leurs differences, suyvant l’ordre le plus aysé qu’il nous a esté possible, attendu