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Du Merle noir.
CHAP. XXVIII.


ARISTOTE au dixneufiesme chapitre du neufiesme livre des animaux, ha fait expresse mention de trois especes de Merles : mais le noir en est la principale. Varro en son livre De lingua Latina, rend la raison de son Ethimologie Latine, voulant qu’on l’ait ainsi dit, Mer la quasi mera : pource qu’il ne vole en compagnie, se trouvant ordinairement seullet. Encor y ha un poisson, qui ha prins l’appellation du Merle, comme il appert en noz livres De aquatilibus. Chacun sçait qu’il est de couleur noire, & que son bec devient jaulne, en vieillissant, comme celuy de l’Estourneau. Les anciens ont pensé qu’il y eust amitié entre les Grives, & Merles. La femelle est plus plate que son masle : parquoy lon trouve manifeste difference entre eux deux. Aristote observant ses meurs, dit qu’il baiguoye, & gazouïlle en hyver, mais l’esté il chante en faisant grand bruit à gorge desployee : & qu’il se muë de couleur, estant plus noir l’esté que l’hyver. Le Merle fait son nid avec de la terre, rond, & descouvert, mettant au fond de la laine, ou autre chose molle. Lon ha opinion qu’il fait deux fois ses petits par chascun an : & par ce commence de bonne heure des le printemps avant les autres oyseaux. Il mange de toutes maniëres de viandes, Verms, semences, & fruicts. Et pource qu’il est si vulgaire, & qu’on le cognoist pour son chant haultain en touts lieux, & qu’on le nourrist en cage, il n’y ha personne qui l’ignore. Les medecins tiennent qu’il engendre