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son nid, comme aussi la contenance ainsi que le Merle, & la couleur du plumage telle qu’ha dit Aristote, avons facilement conclud, que c’est luy qu’Aristote ha entendu pour la tierce espece de Merle. Soudain qu’on ha laissé la montagne d’Ambrun, & qu’on est devallé en la plaine, lon n’en trouve plus : & toutesfois estants la hault il y en ha si grande quantité, que les hostes festient les passans au lieu d’autre gibbier. On les trouve de mesme goust, qu’on fait noz Merles noirs, & vivent de telles viandes.

Du Merle de bresil.
CHAP. XXVII.


CEUX qui font le traffic de marchandises es terres neufves, ne perdent les occasions de recouvrer les singularitez, qu’ils pretendent vendre par deça : Car mesmement ne pouvants apporter les oyseaux de ce païs lá en vie dedens leurs vaisseaux, les escorchent pour en avoir les peaux : & principalement ceux qui sont de plus belles couleurs, desquels est celuy que descrivons maintenant, & duquel les mariniërs font leur profit, luy ayants donné le nom de Merle de bresil. Il n’est du tout si gros qu’un Merle, ayant les plumes de tout le corps, excepté la queuë, & les aelles (qui sont de fin noir) plus rouges, que n’est toute autre couleur rouge. Il est impossible que l’artifice humain puisse faire une couleur rouge, qui n’en soit effacee, la mettant en comparaison de ses plumes. Sa queuë est longue : ses pieds, & jambes sont noirs. Son bec est court de la façon de celuy d’un Moyneau : ses plumes rouges sont noires à la racine. Il en ont peu aporter en vie jusques en noz rivages. Lon en trouve plusieurs peaux toutes entiëres, lesquelles lon pourroit conferer avec le portrait qu’en donnons, aussi parfait, que si l’oyseau estoit plain de vie.