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Du Merle bleu.
CHAP. XXIIII.


POURTANT si descrivons l’oyseau, qu’Aristote au vingt-uniesme chapitre du neufiesme livre des animaux, ha nommé Cyanos, & Gaza Coerulco, & que l’appellons de nom Françoys, Merle bleu, ce n’est pas à dire que l’ayons onc ouy nommer de ce nom Françoys, qui eust esté prononcé de quelque autre : mais pource que nous trouvants en la ville de Ragouse en Esclavonië, avec les paisans, desquels le vulgaire est de diverses langues, les uns parlants Italien le nommoyent Merlo Biavo, les autres qui parlent Grec vulgaire le disoyent Petrocosipho, & ceux qui parlent Esclavon l’appellent simplement un Merle. Il chante en cage, tout comme un Merle, mais d’une voix plus plaisante : qui est la cause pourquoy les paisans qui habitent par les haults rochers d’Esclavonië, les vont desnicher, & les apportent vendre à la ville. Tels oyseaux ne peuvent estre veuz en nostre France, qui ne les y apporteroit des estranges païs : car ils font leur nid à la summité des haultes montagnes des aspres rochers, comme avons peu avoir veu en Crete, & en l’isle Citheree, Corfou, Alzante, & Negrepont. Aristote parlant au lieu susdit de ce Merle bleu, disoit qu’il est communement veu par les rochers de l’Isle de Schyros : Aristote, qui estoit lors en Athenes quand il escrivoit son histoire, envoyoit gents en diverses contrees, qui luy apportoyent les animaux de toutes parts, comme aussi de l’Isle de Schyros, en laquelle nous sçavons