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oyseuse les descrire par le menu. Sejournant en Paphlogonië, trouvasmes chose fort nouvelle, voyants quelquesfois les Pigeons monter à l’effort en l’aer si hault qu’on les perdoit de veuë, qui retournoyent en leur pigeonnier sans se escarter : car toutes nations, & de toute antiquité ont nourry des Pigeons es pigeonniers dessus leurs maisons. Les nations Françoyses y ont maintenant plus grand revenu que ceux des autres païs du levant, qui ont cessé d’avoir des colombiers. Lon trouve qu’on estimoit tant la race des bons Pigeons à Rome, que l’ordinaire estoit d’en vendre la paire quatre cents deniers, qui estoit environ trente escuts & demy, pour les tenir es tours des maisons, tant ils faisoyent grand cas d’en avoir d’une certaine race. Les mariniërs en nourrissent sur leurs navires, & principalement ceux d’Egypte, combien qu’en puisse aussi voir sur celles des Grecs de Crete & Cypre. Il ne sera donc mal aysé croire qu’ils font cela, à fin que s’aprochants de leurs contrees, & chassants les Pigeons de leurs navires, ils aillent devant faire entendre les nouvelles que leurs maistres retournent à la maison. C’est chose conforme à ce que Pline escrit au trente-septiesme chapitre du dixiesme livre de l’histoire naturelle : quand il dit : Quid vallum, & vigil obsidio, atque etiam retia praetent a profuere Antonio, per coelum eunte nuntio ? Car on leur attachoit des lettres aux pieds, qu’ils emportoyent en la maison de la ville de Modena, qui estoit lors assiegee. Les Pigeons des fuyes, & colombiers sont moins privez, que ceux qu’on nourrist par les maisons : dont les uns sont privez & patuz, les autres ne le sont pas. Parquoy nous accorderons volontiers qu’il y ha eu de touts temps de diverses