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sont absents l’esté, ou ils font leurs petits : mais les Ramiërs font aussi bien leurs petits en France & Italie, comme en Grece. Il semble qu’Aristote au douziesme chapitre du huittiesme livre des animaux, ha entendu qu’ils s’en partent l’hyver de son païs. Parquoy il fauldroit conclure, qu’ils passent au nostre : car c’est lors que nous en avons en habondance. Les Ramiërs sont de couleur cendree, ayants la teste entre couleur de ciel, & rouge entremeslez. Ils ont des taches de plumes blanches en chascune aelle sur les costez, & un collier d’autre couleur que les plumes de plus hault ou plus bas. C’est de lá que Martial les ha nommé Palumbes torquati, disant, Inguina torquati tardant, hebetantque Palumbi : Non edat hunc volucrem, qui cupit esse salax. Les medecins ont loué le sang des Ramiërs propres pour le mal des yeux : & ont dit que leur chair est plus dure que des Bizets, Pigeons, & Turtrelles : & qu’il est utile d’en manger à ceux qui ont les nerfz retirez, & à ceux qui ont la dissenterië, & qui sont coeliaques.

De la Turtrelle.
CHAP. XX.


TOUT ainsi comme c’est chose inique aller contre l’opinion de ses precepteurs, si lon n’est bien asseuré du contraire, aussi est chose perniciëuse de s’accorder à ce qu’on en ha aperceu autrement : car il fault en touts lieux que la verité emporte la victoire. Parquoy ores parlants du naturel de la Turtrelle, & ne voulants rien dissimuler de ce qu’en avons observé, dirons librement que comme aucuns ont pense que les Turtrelles se cachent, & perdent leurs plumes en hyver, nous les avons veuës au temps d’hyver en Egypte, lors qu’elles nous sont absentes. Parquoy (sauf meilleure opinion) elles sont totallement passageres, & croyons qu’il n’en demeure aucune en noz contrees de France, sinon prisonniere, ou impuissante par maladie. Et s’il estoit vray qu’elles se despouïllassent, & mangeassent leurs plumes, ou se tiendroyent elles en l’hyver ? Nous devons donc penser qu’aussi bien le feroyent elles en cage, comme ailleurs. Aristote en plusieurs passages des livres des animaux disoit. Turtures degut aestate locis frigidis, hyeme tepidis : ideoque aestate tantum apparent. Turtur hyeme se condit aut discedit : nec enim hybernare apud nos patitur : nemo enim prope dixerim, vidisse per hyemem uspiam Turturem dicitur. Latere autem incipit praepinguis, & quanquam pennas in latebra dimittit, tamen pinguedinem servat, etc. Il peut bien estre, que cela se face en quelque contree de Grece au païs d’Aristote, mais il est rare ailleurs, quoy qu’on ait dit des Hirondelles, Milans, & Grues : & que plusieurs autres tels oyseaux, se tiennent cachez en quelque saison de l’annee en certains endroits de noz contrees, serions d’opinion qu’ils sont passagers d’un lieu en l’autre : qui est chose qui nous ha esté assez manifeste en noz peregrinations. Si en ces entrefaictes quelcun disoit qu’il n’en peut chaloir, s’ils s’en aillent ou ne bougent, s’ils se cachent ou ne se cachent pas, lon respondroit que l’observation qu’on fait des choses, est pour s’en asseurer, & ayant sceu la pure verité, personne n’y est jamais trompé. Ceux qui en tel cas sont