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Fringilla, corpore varia. Cela disoit Aristote, & beaucoup d’avantage, qui est totalement conforme à ce que nous avons à prouver que nostre Turcdot est Jynx. Il est quelque peu plus grand qu’un Pinson, & ha ainsi les plumes merquetees, & quasi d’une mesme couleur comme ceux d’une Beccasse. De touts oyseaux qu’ayons peu observer, n’en cognoissons aucun qui ait les doigts des pieds comme le Turcot, fors les Pics verds, le Papegaut, & le Coqu. Le Turcot se nourrist par les bois montant & descendant, & se pendant aux rameaux, comme les Pics verds. On le peut mal-aysement nourir en cage. Son nid est fait en quelque creux, ou il esleve jusques à huit petits. Il ha un petit bec de couleur quasi bleue, longuet, & rond, duquel il tire une langue ronde, qui ha environ trois doigts en longueur, laquelle il darde à la maniëre des Chameleons : mais elle est aguë par le bout, de laquelle il taste sa mangeaille de bien loing. Il ne peut demeurer sans faire quelque bruit, & principalement quand il mange. Il ha la queuë longue, qui luy passe entre les aelles. Il est de moult belle couleur : car toutes ses plumes sont madrees de noir, & de tanné beaucoup plus qu’en la Beccasse. Ses jambes sont longues semblables à celles du Martinet pescheur, quelque peu plus longuettes. Ses aelles sont merquetees, comme celles du Roytelet, & de semblable façon. Il tient tousjours sa queuë droicte eslevee, hors mis que quand il est perché, il la tient basse. Et tout ainsi que nature luy ha baillé ses doigts differents aux autres, aussi ha voulu qu’il luy fust facile de se percher en diverses maniëres. Et estant perché, il se tient plus en arriere que les autes, qui ont trois doigts es pieds. Ce n’est estrange chose de le voir percher & dormir contre le tronc d’un arbre, sans estre assis sur un rameau. Il y ha distinction evidente du masle à sa femelle : c’est que l’un est plus roux, & l’autre est plus cendré.

Des Ramiërs.
CHAP. XIX.


LES Ramiërs nommez en Latin Palumbes, sont cogneuz en touts lieux. Il n’y eut onc difficulté en leur appellation. Nous les nommons de ce qu’ils se perchent sur les rameaux, comme encor disons, ramer des pois. Les Grecs retenants encor plusieurs choses de leurs antiquité, les nomment en vulgaire Phassa, au lieu que les anciens les appelloyent Phatta. Et parce qu’il y ha un oyseau de proye qui les mange volontiers, celluy oyseau de proye est nommé Accipiter palumbarius : duquel avons parlé en descrivant le Faulcon. Les Ramiërs volent en trouppe en temps d’hyver, & en ce temps lá ne sonnent mot : car ils chantent seulement lors qu’ils sont en amours, se respondants le masle à la femelle. Le Ramiër est constitué comme principal entre les especes des Colombes : car aussi est il plus grand que pas-un des autres : c’est à sçavoir des Bisets, Turtrelles, & Pigeons. Il n’y ha gueres moins à manger en un Ramiër qu’en une Poulle. Lon en prend moult grande quantité es forests des chesnes verds nommez en Latin Ilices, autour de Rome. Blondus en descrit la maniëre, duquel on la pourra entendre tout au long. On les voit apporter au marché, ayants leurs estomachs plains des glands d’Escarlate, de l’arbre de liege, de chesnes verds, & Faines, qui ont touts germé :