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dessus les arbres, monter & descendre, comme aussi de voler en l’aer, semblable à celle d’un Pic verd, & ont les jambes, ongles, & le bec de mesme façon. Mais sa langue n’est pas egalement longue : car celle du Maine l’ha ronde, & fourchee, rouge & poinctue par le bout, & dure à l’extremité. Cest oyseau est de diverses couleurs, tant au col que par tout le corps : car le regardant dessous la gorge, on le trouve tout blanc. Le dessus du col est noir, & entremeslé de blanc, ayant six lignes de couleurs, une noire entre deux blanches, & une blanche entre deux noires. Les plumes de dessus sa teste & celles qu’il ha aux deux costez des temples, sont rouges, entretenuës de cendré. Le dessus du dos est brun, ayant une tache blanche, & large en chasque costé sur ses aelles, qui sont toutes mouchetees de blanc, & de noir. Le dessous des aelles est couvert de plumes rousses. Sa queuë n’ha que dix plumes, non plus que le Pic verd, & qui apparoistroit toute noire par dessous, n’estoit qu’il y ha deux plumes en chasque costé, qui sont participantes de blanc, & ont des taches noires parmy, noires à la racine, rudes, & dures par le bout, dont il se sert à s’appuyer contre les rameaux, quand il monte sur les arbres à la renverse. Ses ongles sont propres à cest affaire : car ils sont fort aguz, & crochez, deux devant & deux derriere : ayants les plus petits de la partië du dedens. Nature les luy ha ainsi baillez, pour autant qu’il est coustumiër de vivre contre les arbres, desquels il entourne les petits rameaux, tant à la renverse que de costé, montant & descendant. Aristote le distinguant d’avec le Pic jaulne, nomma particulierement Pipra, combien qu’il ayt comprins les trois especes de Pics verds en ce mot Grec Dryocolaptos. La chair de l’Epeiche sent la sauvagine, comme aussi fait le Pic verd. Aristote parlant de tels oyseaux au neufiesme chapitre du neufiesme livre, disoit qu’ils sont semblables entre eux, ayants la voix l’un comme l’autre, mais que le plus grand l’ha plus grande, & le petit plus petite : & que Pipra, qui est nostre Epeiche, mange les œufs du jaulne, & que par cela ils discordent ensemble. Qui ha conferé les Epeiches des autres