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& la langue du bec bien entiëre. Il est palle par dessous le ventre, tirant au jaulne : mais tout le dessus de la teste, du col, & de l’eschine, comme aussi la queuë, sont jaulnes. Les aelles sont noires par les deux costez, combien qu’elles soyent un peu tachees de jaulne, toutesfois pour la plus grande partië sont noires. Sa queuë est longuette, qui passe beaucoup oultre les aelles. Il mange communement les fruictages, & principalement les Cerises & Guines : toutesfois ne laisse aussi à se paistre de vermine, qu’il trouve par les bois. Nous n’avons coustume de le manger, soit parce qu’il est difficile à prendre, ou qu’on n’en trouve beaucoup. Si est ce qu’il est veu en touts lieux. Il fait beaucoup de petits jusques au nombre de cinq, quelquesfois trois, autresfois quatre, & lesquels suyvent long temps les pere & mere, jusques à ce qu’ils ayent bien apprins à se pourchasser eux mesmes. Nous avons un Proverbe Françoys, qui dit, que nul ne trouva onc nid de Loriot, qu’il ne fut pendu : car comme dit est, il sçait le composer de moult grande industrie, tousjours pendu. Nous pretendons que Chlorion, Colios, Vireo, & Galgulus, soyent synonimes, signifiants le Loriot.

Des Papegaux, & Perroquets.
CHAP. XII.


LE PAPEGAY est aussi nommé un Perroquet : mais tel nom luy ha esté imposé à cause de sa prononciation. Nous cognoissons maintenant plus d’especes d’oyseaux, venants des païs loingtains, qu’on ne faisoit anciennement : car la terre ha esté beaucoup plus frequentee par navigations, qu’elle n’estoit anciennement : comme il appert par diverses especes de Papegaux, qui nous sont maintenant apportez tant du Bresil, que d’ailleurs. Lon trouve que les anciens nommoyent aussi Indie, ce que nous appellons maintenant le Bresil. Pline au quarente-deuxiesme chapitre du dixiesme livre de l’histoire naturelle, escrit : Super omnia humanas voces redaunt Psittaci, quidam etiam sermocinantes. India hanc avem mittit. Psittacem vocat viridem toto corpore, torque tantum miniato in cervice distinctam : tellement que le Papegaut que Pline ha descrit, avoit un collier rouge, lequel n’avons onc veu, sinon en peincture. Mais maintenant nous en cognoissons des grands, & des petits, des gris, des rouges, & de diverses autres couleurs : lesquels estants si cogneuz, baillerons seullement le portraict d’un grand, & consequemment d’un petit. Et tout ainsi qu’ils sont de corpulence, & couleurs differentes, aussi sont apportez de divers païs. Mais qui plus est admirable, ils sont de voix differentes : car les uns l’ont aigre, les autres amiable.