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Grece, ce passage pourra bien estre autrement interpreté : car si quelcun en fait nourrir en son logis, & qu’il ait veu qu’elle mue ses plumes en hyver, cela sera selon que l’entend Aristote. La Huppe ne vault rien à manger, & n’y ha personne en aucun païs, qui en veulle taster, combien que l’experience en ait esté faicte, que bien lardee & rostie, n’ha esté trouvee moins delicate, qu’un Merle. Avecques toute sa plume elle fait bien monstre d’un Pigeon : mais sa charnure n’appert gueres plus grosse qu’un Estourneau. Elle ne nous apparoist pas moult sauvage. Parquoy quand on la trouve le long des grands chemins, elle ne s’esfarouche beaucoup trop de la venuë des hommes. Estant donc ainsi bien garnië de plumes, comme elle est, vole legerement en battant l’ae’r de ses aelles à la maniëre des Vanneaux. Elle ha les pieds asses grandelets, mais ses jambes sont courtes. Sa queuë est noire, composee de douze plumes, qui passent beaucoup oultre celles de son aelle. Elle est merquetee d’une tache blanche en la queuë, qui fait un croissant en peincture, quand on la luy ouvre. Elle ha grande varieté de couleurs en ses aelles, qui sont madrees de noir, de blanc, & de cendré. Elle ha le col fauve, quasi comme rougeastre, mais est entournee d’un moult beau collier my-party de noir & de tanné. Son bec est long, noir, rond, & quelque peu courbé. Sa creste est plus estrange, que de nul autre Huppe : car estant composee d’une vingtaine de longues plumes rougeastres, toutes disposees par ordre, arrengees deux à deux, noires à l’extremité, elle les esleve, & abbat ainsi qu’elle veult. Et sçachant que nature ne la luy ha baillee sans raison, encor qu’ayons longuement pensé à icelle, toutesfois n’en avons encores peu rien sçavoir. La Huppe ayant le bec long ha une langue moult petite. Elle se nourrist de verms, & de toute maniëre de petits bagages de bois. Son nid est fait en quelque creux d’arbre, ou elle ne porte rien pour estre plus mollement, mais luy suffit mettre ses œufs dessus le bois pourry, ou bien (comme dit Aristote au lieu susdit) porte en son nid les excremens de l’homme. Elle fait une voix enrouëe, qu’on oit de bien loing : & n’est de merveille si elle ne fait bonne distinction en sa voix, consideré qu’elle est quasi sans langue. Il seroit impossible avecques une langue si courte, qu’elle peut mieux exprimer son chant : car ce qu’on oit, est quelque ton, qui n’est guere varié. La diligence & curiosité d’Aristophanes, nous admoneste de faire diligence en noz ouvrages : car luy suyvant le son qu’elle fait, l’ha ainsi imité : Epopoe, popopo, popoe, popoe. Io, io, ito, ito, ito. Il sera dit que les anciens ont mis en leurs fables, que Tereus fut converty en Huppe.

Du Loriot.
CHAP. XI.


ESCRIVANTS Charadrias entre les oyseaux de nuict, avons parlé du Loriot, qui est oyseau de passage, & qu’on ne voit que l’esté en ce païs, non plus que la Huppe, s’il n’est gardé, nourry en cage. Il ha gaigné ce nom Françoys, de ce qu’en criant à haulte voix, semble prononcer, compere Loriot. Aristote au vingt-deuxiesme chapitre, du nefiesme livre des animaux, dit, que le Loriot, qu’il nomme Colios, prend sa nourriture au bois, le long