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celuy du Cochevis, & ont l’ongle de derriere, & l’ergot aussi longs comme les doigts de devant. Elles sont blancheastres pour dessous le ventre, & ont la poictrine beaucoup plus merquee, que le Cochevis. La teste est plus noire, entremeslee de couleur fauve, & le dos tanné de gris, & de brun : aussi ont deux plumes de la queuë de la partie du dehors aux deux costez, d’autre couleur que celles du dedens. Nous n’avons nommé l’autre Alauda : Car ou trouvons, Quae Galerita ab apice quem in capite gestat, quondam appellata est, postea Alauda gallico vocabulo dicta est : Interpretons ce mot Alouëtte, se ressentir de son antique, & que les Romains prindrent à dire Alauda du vulgaire parler des Françoys.

De la Calandre.
CHAP. XXIIII.


IL semble que la diction Calandre vienne aux Françoys de la Greque Coridalus. Plusieurs s’abusent, prenants la grande espece de Grive pour Calandre, qui est erreur commune à plusieurs pourvoyeurs de la court. Les anciens n’ont fait aucune mention de la Calandre que l’ayons peu sçavoir, aussi est-ce un oyseau qu’on ne voirroit en France, n’estoit qu’on l’eust apporté en cage. Sa voix est hautaine, & chante melodieusement. C’est une espece d’Alouëtte, tellement que pour avoir la perspective de la Calandre, il se faut imaginer voir une Alouëtte, quasi aussi grande qu’un Estourneau. Parquoy qui diroit que la Calandre est une grande Alouëtte, ne faudroit. Sa voix le tesmoigne : car tout ce qu’elle chante est comme de l’Alouëtte, sinon qu’elle crie encor plus haut. C’est mesme couleur de plumes, & mesme tetste, mesmes aelles, mesme queuë & contenance. Ses pieds, jambes, & ortueuls sont semblables, & ha pareillement l’ergot de derriere aussi long, & le col gresle en celle part ou les rouëlles sont conjoinctes à la teste, chose qu’avons aussi dites parlants du Paon, & qui est aussi particuliere à la Caille. Puis donc que n’avons chose qui nous distingue la Calandre d’avec l’Alouëtte, que la seule grandeur, & qu’avons dit que le Cochevis est plus grand que l’Alouëtte, & ha une hupe sur la teste, & que la Calandre, & Alouëtte n’en ont point, accorderons que ces trois peuvent estre nommees de mesme nom, & estre mises au genre de Galerita. La Calandre est de plus grosse corpulence, & par ce avoit à faire de plus gros bec : aussi est elle seulement dissemblable en ceste seule enseigne aux deux susdites, qui nous fait penser que nature le luy ha octroyé plus robuste pour casser les grains durs, dont il faut qu’elle vive : combien qu’estant en cage, on la nourrist d’avoine & de pain blanc. Lon peut prendre conjecture qu’elle vit, & vole en compagnie, comme l’autre petite Alouëtte, au contraire du Cochevis, qui vole seul à seul : confessants avoir observé ses meurs vivants au sauvage. Quoy qu’il en soit elles nous eussent du tout esté incogneuës, n’estoit qu’on nous les ha apportees en cage, & que pour leur plaisant chanter sont vendues bien cher : & sont quelque peu plus grandes que le Proyer.