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De l’Alouëtte.
CHAP. XXIII.


LES Alouëttes sont plus grasses l’hyver que l’esté. Elles vont l’hyver en troupe, mais l’esté à couples. Si la temperature des corps estoit si facile à se muer, comme le vulgaire pense, nous rendrions raison de ce qu’on dit des Alouëttes : c’est, qu’il y ha un vent qui les rend grasses, & un autre qui les amaigrist : mais cela n’y fait rien. Il est bien vray que le froit les rend plus grasses & plus tendres, pource qu’il enclost la chaleur leans, qui n’ha lieu de s’exhaler : sçachant que la chaleur dissipe & fait exhaler leur nourriture, & l’engarde de se tourner en graisse. Qui vouldroit, en diroit tout autant du vent de Septentrion & midy, & rendroit l’opinion vulgaire tout de mesme. Il faut que l’Alouëtte soit differente au Cochevis, d’autant que l’un ha creste, l’autre n’en ha point. Elle est plus souvent prinse que le Cochevis : aussi est elle de meilleur manger, chose qu’Aristote avoit ja noté quand il parle du Cochevis, au vingt-cinqiesme chapitre du neufiesme livre des animaux, disant : Alterum gregale, nec singulare more alterius, verum colore smile, quanquam magnitudine minus, & galero carens : cibo vero idoneum. Nous n’avons aucuns oyseaux, dont on en prenne si grand quantité que lon fait des Alouëttes, & ce en diverses maniëres. Les Alouëttes ont le bec plus court que