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qu’ils ne semblent differer sinon en grandeur. Il voit dedens les prez : dont il ha gaigné ce nom Francoys Preyer. Aussi suyt les eaux, comme la Beccasse, combien qu’à luy regarder les jambes & le bec, il semble contraire. Il ayme sur tout à manger de l’orge & du mil. On le trouve quelquesfois perché sur les hayes, mais le plus souvent il se tient contre terre : & comme il est oyseau terrestre, tout ainsi ne fait son nid en lieu hault, n’estoit à la maniëre des Canes qui quelquesfois le font sur un tronc en quelque Saule. Et par ainsi cestuy-cy le fait communement contre terre dedens les avoynes, orges, & millierers, ou bien dedens un pré, faisant toutesjours cinq ou six petits. Les noms ne sont arrestez aux oyseaux en mesme maniëre : car lon en trouve qui obtiennent diverses appellations en mesme contree. Aussi cestuy-cy est appellé en quelques lieux un Teriz : car il se met sur jour dessus le bout d’un paliz, & chante, Tirtertirterüz reïterant souvent telle voix. Et quand il vole, ne retire ses jambes à soy comme les autres oyseaux : mais les laisse pendantes, & remuë ses aelles menu, menu, d’ordre incomposee. Aristote au douziesme chapitre du huittiesme livre des animaux, met un oyseau nommé Cenchramus, Cynchramus ou Cychramus : disant, Coturnices ducibus Oto, & Lingulaca, & Ortygometra proficiscuntur, atque etiam Cenchramo, à quo etiam revocatur noctu : evius vocem cum senserin : aucupes, intelligunt parari discessum. Qui vouldroit tourner ce mot Grec, Cenchramus, diroit en Latin, Miliaris : Parquoy pretendons que c’est celuy, dont est fait mention en Varro : car si on les gardoit à Romme, avec les Cailles en vie, & les engressoyent de mil pour les vendre es festins, il failloit qu’il fust gros oyseau. Il ne faut donc accorder que Miliaris soit la Linote (comme quelques uns avoyent pensé) mais que c’est le Proyer, ou Teriz. Ils nous sont si frequents, que les paisans nous en apportent les petits à douzaines au printemps, des-ja gros comme Mauvis, beaucoup plus aux villes situëes es plaines, que pres des monts, & forests.

Du Cochevis.
CHAP. XXII.


LE Cochevis est ainsi nommé à nostre mode, pource qu’il ha quelques choses qui tiennent du Coc : C’est à sçavoir celle creste de plumes qu’il tient dressees sur la teste à la maniëre d’un Paon. Il est si semblable à une Alouëtte, qu’il n’y ha difference sinon en la creste, & qu’il excede quelque peu l’Alouëtte en grandeur. Tels deux oyseaux ont esté indifferemment nommez de mesme nom Grec, & Latin. Les Grecs ont dit Coridos ou Coridalos, & les Latins pour exprimer les deux, Galerita. Le Cochevis en est le principal. Aristote parlant de ces oyseaux ha dit : Coridalus est de deux maniëres, dont l’un est terrestre & cresté, qui ne vole en troupe : L’autre espece n’est trouvee seule, & aussi n’est point crestee, & est de plus petit corage. Ceste difference n’est pas aussi bien observee en un lieu comme en l’autre : car le Cochevis estant oyseau terrestre, & qui chante mieux que l’Alouëtte, & plus plaisamment, est souventesfois prins pour l’Alouëtte. Le Cochevis ha le bec longuet, poinctu, & peu voulté. Les racines de sa creste sont justement situëes entre les deux yeux, & de laquelle les plumes sont quelque peu