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lieux chauds, & peut grandement chaloir quel vent il face : Car le vent Austral ne leur est bon, d’autant qu’estant humide, les rend pesantes : qui est la cause que ceux qui les veulent prendre observent le vent Austral, qui est celuy de midy. Mais celuy de Septentrion, qu’on nomme Aquilo, leur ayde beaucoup à voler, & alors elles s’acompagnent. Cynchramus les appelle la nuit pour les advertir du depart lors qu’il fait temps serin : à la voix duquel les oyseleurs entendent que les Cailles se preparent à leur voyage. Voyla à peu pres ce qu’en ha prononce Aristote. Pline ha mis telles paroles, qui nous ont fait penser qu’il ne l’ha entendu, comme nous : car en mesme lieu il escrit : Coturnices ante etiam semper adveniunt, quam Grues : quasi comme si les Grues se tenoyent l’esté en Italie. Parquoy il semble qu’il y ha faulte de ce verbe, discedant, apres ce mot Grues : voulant dire que les Cailles arrivent en Italie, avant que les Grues s’en aillent : Car il est tout manifeste que les Grues s’en vont tout l’esté hors d’Italie. L’on ha enseignements infallibles contre l’opinion du vulgaire, par lesquels lon peut bien prouver que les Cailles sont passageres : car en outre que nous sommes trouvez sur la mer mediterranee en deux diverses saisons de l’annee, en Autonne, & au printemps, l’une fois lors qu’elles s’en alloyent, l’autre fois quand elles s’en venoyent, se rendirent lassees sur nostre vaisseau pour se reposer. Mais à fin que puissions donner foy à nostre dire, & alleguer noz tesmoins, l’avons fait voir au dixseptiesme chapitre du second livre de noz observations. Car mesmement lors que passions de Rhodes en Alexandrie, en mangeasmes de celles qu’avions prinses : es jabots desquelles trouvasmes du froment encor