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De la Perdris de Grece.
CHAP. XIII.


CELLE grosse Perdris que les Grecs à l’imitation des Italiens nomment en leur vulgaire Cothurno, nous semble estre differente à noz Perdris tant Franches que Goiches : sçachants qu’elle est deux fois plus grosse que les nostres, ayant le bec & les pieds rouges, comme aussi est tachee par devant l’estomach comme la franche, de la grosseur d’une moyenne Poulle. Telle maniëre de Perdris est si frequente entre les rochers des Colme, es Isles Cyclades & de Grece, & principalement le long de la marine en Crete, qu’on n’y voyt oyseau plus frequent. Lon jugeroit à ouïr sa voix, qu’elle est beaucoup differente aux nostres : Car elle fait moult grand bruit en criant, & principalement quand elle pond, & au temps qu’elle est en amours. Elle dit en chantant Chacabis, & reïtere telle voix moult souvent. Elle se poursuyvent l’une l’autre entre les rochers. C’est de lá que les Grecs ont enseigné aux Latins que Chacabare, est chanter comme la Perdris. Nous avons prins ce mot Perdris de leur voix : car en chantant en leur langue dient Perdris, ou bien autrement Chacabis. Aristote à nostre jugement entend de ceste-cy, ou il dit que les Poulles sailliës des Perdris engendrent une espece differente, que pensons estre ceste-cy. Elle fait son nid exposé en lieu aëré, au mois de May, l’appropriant avec quelque peu d’herbe. Mais elle ha bien l’industrie de descendre des rochers, & faire son nid en lieu ou ses petits puissent estre commodement nourriz. Elle pond ses œufs contre terre dessous quelque grosse pierre, quelquesfois huit, dix, douze, autrefois seze, ou plus ou moins qui sont de la grosseur des petits œufs de Poulle, & sont blancs, mais tachez de merques rougeastres, qui sont moult frequentes, & menuës, desquels le moyeu ne se peut endurcir. Ils sont aussi bons à manger comme ceux de Poulles. Apres qu’elle ha esclos ses petits, les emmeine hors de lá pour les faire repaistre par la campagne. Ce qui nous rend plus asseurez que ceste Perdris est d’autre espece que la nostre, & qu’il y ha des lieux en Italie, ou ils ont toutes les deux, nommees de divers noms, faisants ceste distinction que l’une est appellee Cothurno, & l’autre retient le nom de Perdris.

De la Perdris franche.
CHAP. XIIII.


AYANTS ja parlé d’une autre maniëre de Perdris de Grece, voulons maintenant parler des nostres, qui toutesfois sont de meurs & nature semblables aux Greques. Et pource que Aristote en ha beaucoup parlé, comme au cinqiesme chapitre, du cinqiesme livre, & plusieurs autres lieux, & que Pline l’a ensuyvi de mot à mot, au dixiesme livre de son histoire chapitre trente-troisiesme, avons peu à dire de la Perdris, si ne repetons ce qu’ils en ont des-ja escrit. Toutes Perdris font leurs vols bas & roides, & ne se branchent sur arbre, &