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lors qu’on cognoist leurs traces dessus la nege. Car la trace de leurs pas & la fiante sont comme celle d’un Chapon, & en ce temps lá on les prend en diverses façons : car on les voit errer par les petits sentiers dedens le bois, & alors on leur baille des amorces de grain pour les acoustumer en un lieu. Les paisans sçachants quel est leur naturel, & qu’ils ne veulent endurer autre masle aupres des femelles, luy mettent un grand miroer appuyé à une languette couverte d’une cage tout joignant l’esmorce. Et le Faisan se regardant au miroer, pense que s’en soit un autre : Lors ne se peut tenir de luy courir sus, & marchant sur la languette, se trouve enfermé dedens la cage. Il y ha quasi telle distinction du masle à la femelle du Faisan, qu’elle est au masle à la femelle du Paon. Les Faisans se perchent la nuict dessus les rameaux des arbres : car ils sont coustumiërs de se retirer des taillis en un lieu deputé pour leur perche dedens les bois de haute fustaye. Lon pense que le nom soit venu du fleuve Phasis : car Martial dit, Argiva primum sum transportata carina : Ante mihi notum nil nisi Phasis erat. Ceux qui naviguent en terre neufve faisants leurs profits de toutes choses, raportent les plumes de maints oyseaux & entre autres en avons recouvert la queuë d’un qui retire moult à nostre Faisan : car comme le Faisan ha une longue queuë droicte & roide, aussi est en cestuy-cy, n’estoit que nous souvenons de l’oyseau dont est faite mention, qu’on envoya à Cesar du païs des Indes, qu’on disoit estre Perdris, mais plus grosse qu’un Vautour. Les queuës des Faisans servent à aucuns pour mettre à leurs chapeaux, au lieu de plumes d’Autruches.