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sed Africanis aspectu & facie contaminata in ornatibus publicis solent poni cum Psitacis ac Merulis albis. Item aliis id genus rebus inusitatis : neque fere in villis ova ac pullos faciut (in servitute enim non foetant) sed in sylvis. Il s’accorde entierement à ce qu’on peut rapporter de la Gelinotte de bois. Parquoy serons bien d’opinion que Gallina rustica des anciens, est-ce que nous appellons maintenant une Gelinote de bois. Elle ha donné le nom à une isle en la mer Ligustique, en laquelle ceux qui y venoyent, voyants beaucoup de telle Gelinotes, ont prononcé en Latin Gallinaria insula, qui me fait penser que ce que les paisans des Isles d’iere nomment grasses Perdris soyent noz Gelinotes de bois. Les plumes de dessus son dos, sont comme celles d’une Baccasse. Celles de devant l’estomach, par dessous le ventre sont blanches, tachees de noir : mais celles du col sont comme à une Faisande. Sa teste & son bec, est comme celuy d’une Perdris, ayant aussi de la rougeur sur les sourcils, comme les Perdris. Sa queuë est comme celle d’une Perdris grise, blanche à l’extremité, & puis noire à la largeur d’un poulce, & le suyvant comme la couleur des plumes du col du Coc de bois. Les plumes qui sont sur les os nommez Ossasacra, sont longues & doubles, de la couleur de celles du mesme endroit en la Perdris grise. Les grosses pennes de ses aelles, sont ainsi madrees depuis la tige en dehors que celles d’un Hibou. Ses jambes sont couvertes de plumes jusques à moytié. Elle ha le pied comme une Perdris grise. C’est une enseigne qui monstre qu’elle est differente au Francolin, comme aussi est de moindre corpulence. Son bec est court, rond, & noir. Aussi ha des plumes phenicees, c’est à dire, de couleur de dacte aux deux costez de l’estomach dessous l’aelle. Somme que qui se feindra voir quelque espece de Perdris metive entre la rouge & la grise, & tenir je ne sçay quoy des plumes de Faisan, aura la perspective de la Gelinote de bois.

Du Faisan.
CHAP. XII.


LE Faisan est coustumiër de se tenir en jaunes taillis, & ne se trouver sans femelle. Et pource n’ayme point à hanter la compagnee des autres Faisans masles : parquoy la part ou ils s’entretrouvent, ils courent sus les uns aux autres, & s’entrechassent se combatans à la maniëre des Cocs, jusques à ce que l’un demeure superieur, & face fuir l’autre. Il y ha de deux maniëres de Faisans, tout ainsi comme il y ha deux maniëres de Perdris, ayants tous deux les plumes eslevees dessus le sommet de la teste es deux costez des ouyes, qui leur font sembler deux petites cornes eslevees, comme à la Hulote, & au Duc : mais faut entendre qu’elles ne sont tousjours droictes. Car il les hausent & abbaissent ainsi qu’ils veulent. Quelque diligence qu’on face d’aprivoiser les Faisans de jeunesse, il est difficile qu’ils ne se ressentent tousjours de leur sauvage. Et si on les aprivoise, il suffit de bailler deux femelles à un masle. Ils ne ponnent qu’une fois par an, & mettent quelquesfois vingt œufs : mais ne leur en faut laisser couver que quinze pour le plus à une seule Faisande. Elles reçoivent les masles seulement en Mars, & en Avril. Les Faisans sont difficilement prins au sauvage, sinon en temps d’hyver,