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sed frutici. Et combien que le Coc de bois ne puisse estre Tetrix, ou Ourax, il ne laisse d’estre Tetrao. Il n’est pas mal aysé qu’on ne puisse bien voir encrucher son nid dedens un arbrisseau. Les Faisans, Perdris, Ostardes, Cailles, Canes petiëres, & le Coc de bois ne le sont gueres que sur terre. Il est tout manifeste que ce Coc cy est Tetrao : car il y ha des merques en Pline au dixiesme livre, chapitrevingt-uniesme, qui le peuvent prouver, ou il dit en ceste sorte. Decet Tetraonas suus nitor absolutaque nigritia, in superciliis cocci rubor. Il faut maintenant voir si les enseignes de l’oyseau, dont parlons, conviennent, avecques celles de celuy que Pline ha descrit, c’est à dire qu’il ha les plumes bien fort noires, mais de couleur changeante, & les sourcils rouges, teincts comme escarlate. Le Coc de bois est plus massif, & plus gros une fois & demie que le Faisan domestique, & ayant la plume si noire & reluisant au dessous du col, & de l’estomach, qu’elle monstre en estre toute changeante : aussi ha les sourcils dessus les yeux si finement rouges, qu’il semble estre pure & fine escarlarte cramoisië, beaucoup plus rouge que celle qui est es Perdris & Faisants, ayants aussi cela de particuliër, suyvant ce que Pline ha escrit, au lieu allegué, qu’il ha seulement le dessus des yeux rouges, & non pas le dessous, comme ont les Perdris & Faisants. Les autres autheurs les nomment aussi Erythrotaonas, qui est diction Grecque signifiant Paon rouge, & ce à nostre advis à cause qu’il approche de la corpulence d’un Paon : car les sourcils sont finement rouges, & les plumes de l’estomach apparoissent terniës comme entre meslees de rouge. Il ha les plumes d’autre nature que celles des autres oyseaux, c’est que si on les regarde à la racine, on les trouvera doubles : & que d’un tuyau elles sortent deux à deux, qui est une enseigne si rare que n’avons trouvé à qui cela convienne, hors mis aux oyseaux terrestres, Cocs & Poulles privees. Sa queuë est composee de plumes noires, quasi faictes à la maniëre de celle d’une Poulle privee. Car les plumes sont voultees, c’est à dire courbees en arc, & larges par le bout, ayants quelques petites madrures blanches. Qui luy oste les aelles, trouve des plumes blanches par le dessous. Car le dessus est de couleur enfumee, ayants quelques taches blanches entremeslees. Sa teste n’est rien moindre que celle d’une Ostarde, ayant un gros bec massif trenchant entre pale & plombé, bien muny de plumes dessus & dessous. Les plumes qu’il ha dessus le col & le dos sont mouchetees de cendré, de telle maniëre qu’elles en sont toutes bigarees, mais le champ en est brun. Le Coc de bois ha une merque qui luy est particuliëre, c’est qu’il ha les jambes bonnes & fortes, & pieds gros toutes couvertes de plumes brunes, excepté le dessous surquoy il s’apuye le long de la jambe, quand il est couché contre terre. Tout ainsi advient à la Perdris blanche, & au Francolin. Il ha quatre doigts es pieds, dont les trois de devant sont moult bien garnis de bonnes escailles dures & beaucoup coches par les orees. Son jabot est grand oultre mesure, fait comme celuy des autres oyseaux terrestres, & le jesier de mesme. Il devore les fueilles de Sapins & toutes maniëres de fueilles d’herbes & les semences d’icelles. Nous avons esté renduz certains qu’il y ha des genevriërs majeurs aux monts d’Auvergne, tels que ceux qu’avons observez sur la summité du mont Taurus. Et sommes entrez en soupçon qu’il y ait des cedres dessus les monts au contour du lac de garde, d’autant qu’en avons veu tuer à l’Arquebuse au dessus de Vallarire, lors que cheminions par les montaignes pour voir l’origine de l’Agaric sur les Meleses, qui nous sembloyent en avoir mangé des fueilles, selon ce qu’en