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en leurs metairiës, & desquels nous pouvons sçavoir si nous en avons autant d’especes, qu’eux. Nous en cognoissons seulement de deux sortes, comme aussi faisoit Aristote, lesquelles au premier chapitre du sixiesme livre des animaux, il distingue, appellant les unes genereuses ou secondes, les autres non nobles, & infecondes. De celles que nous avons, l’une est de petite stature, commune en tous lieux : l’autre est de grande corpulence, qui n’est si commune que la precedente. Aristote au premier chapitre du sixiesme livre des animaux, & Pline au cinquante-troisiesme chapitre du dixiesme livre de l’histoire naturelle, entendent que les communes petites Poulles estoyent nommees Hadrianes : car ils dient en ceste sorte. Les Poulles Hadrianes sont de petite corpulence, & qui ponnent par chacun jour, & sont de diverses couleurs. Varro ha nommé telles Poulles, Villatiques, c’est à dire, nourries en village : lesquelles Columelle appelle autrement Cohortales. Voila de nostre petite Poulle commune. Mais l’autre maniëre de Poulle, qui est de plus grande corpulence, est communement appellee des Françoys Poulle griesche, quasi comme qui diroit Poulle de gresse. Encores avoyent anciennement des Poulles, qu’ils faisoyent venir de Rhodes, qui estoyent de moult grosse corpulence, vulgairement nommees Rhodiennes. Entre autres merques qu’ils nous ont laissé à les cognoistre, est, que les masles sont tardifz à chaucher les femelles, qui aussi sont mal habiles à nourrir leurs Poulsins, & le plus-souvent steriles. Ils avoyent aussi une sorte de volaille qu’ils nommoyent Tanagricum, qui n’estoit gueres moindre que le Coc d’Inde, & qui estoit de meurs semblables à noz Poulles communes. Aussi avoyent une autre maniëre de volaille qu’ils nommoyent Poulle Chalcidique, & qui approchoit grandement des meurs des Poulles Tanagriques. Ils avoyent aussi une autre espece de volaille, que le vulgaire, lors que Varro vivoit, nommoit Melique, au lieu de dire Medique. Car luy, qui en donne la raison, dit, que c’est pource que premierement furent apportees de Medie pour leur beaulté & grandeur.

Poulles de la Guinee.
CHAP. IX.


TOUT ainsi comme la Guinee est un païs, dont les marchands ont commencé à apporter plusieurs marchandises, qui estoyent auparavant incogneuës à noz Françoys, aussi sans leurs navigations, les Poulles de ce païs la estoyent incogneuës, n’eust esté qu’ils les ont fait passer la mer, qui maintenant sont ja si frequentes es maisons des grands seigneurs en noz contrees, qu’elles nous en sont communes. C’est un oyseau d’aussi beau plumage qu’on puisse voir. Elles ont infiniës taches blanches en leur champ noir. Leur corpulence n’excede la grandeur d’une Poulle : mais sont plus haultes enjambees, & par consequent ont le corps longuet. Nous baillerons une enseigne par laquelle chasque