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aussi fait la Beccasse. Lon en apporte quelquesfois vendre en pere de Constantinople, d’entour le mont Olympe de Phrygie, auquel lieu les Grecs qui y habitent le nomment en leur vulgaire Taginari. Cest oyseau est moult semblable à nostre Cane petiëre, mais est plus petit. Ses pieds & jambes sont couverts de plumes, comme au Coc de bois. Sa teste est comme d’une Perdris grise, & le bec de mesme façon, court, & fort. Il se nourrist de grains & vermines. Et combien qu’il soit communement constant en sa couleur, toutesfois on en trouve aussi de touts blancs, qui ne sont rien differents à la Perdris blanche de Savoye, sinon en grandeur : qui fait qu’osions bien asseurer que le Francolin blanc est celuy que les autheurs anciens ont entendu pour Lagopus alter. Nous trouvants à Venise, lors que monsieur de Morvillier estoit embassadeur pour le Roy, en avons veu en son logis, que n’eussions recogneu pour Francolins, n’eust esté que ses gents nous menerent vers celuy, de qui ils les avoyent achetez : & lors conferants les blancs avec ceux qui estoyent d’autre couleur, trouvasmes mesme corpulence, mesme teste, jambes, & pieds, hors mis la couleur. Le Francolin est du nombre des oyseaux qui se veaultrent en la pouldre : lon nomme cela en Latin Pulverare. Car comme les oyseaux de riviere se lavent d’eau pour nettoyer leurs vermines, tout ainsi les terrestres trouvent remedes en se veautrant en la pouldre. Ce Francolin fait son nid en terre, & esleve autant de petits que la Perdris. Les anciens medecins, Galien, Oribase, & plusieurs autres sont tesmoins que le Francolin ha tousjours tenu le premier lieu es delices anciennes : car si nous voyons à ce qu’ils en escrivent, entendrons qu’il estoit en mesme degré, que la Perdris : comme aussi en temperature es aliments. Aussi sont ils tousjours accompagnez ensemble, & en mesme dignité.

Du Coc, & Chapon.
CHAP. VII.


LON croit aysement qu’il ne fut onc que les Cocs n’ayent servy d’horloges en touts païs & en toute antiquité. Mais maintenant que nous avons les horloges en touts lieux, il n’y ha que les villageois qui prennent garde à son chant, auquel ils sont siduits, qu’ils sçavent à peu pres qu’elle heure il est en la nuict. Les horloges tels que nous les avons maintenant sont de l’invention des modernes, toutesfois les ancïens en avoyent d’autres qui avoyent leurs mouvements avec de l’eau, les autres avec du sable, desquels tout le neufiesme chapitre du neufiesme livre de Vitruve est composé, & par lequel il est aysé prouver qu’il n’y avoit aucune sonnerië : & aussi que la vertu de la pierre d’Aiment nommee en Grec & Latin Magnes, n’estoit encor cogneuë, & que les anciens n’ont eu l’usage de petits quadrants pour porter sur les champs pour sçavoir les heures en esté au soleil. Vray est qu’ils avoyent l’usage de bracelets, & anneaux : car Vitruve dit au commencement du mesme chapitre. Item ex his generibus uti fierent, plures scripta reliquerunt. Donc le Coc, n’ayant rien de plus insigne en sa nature que de servir d’horloge, est si vigilant qu’il annonce les heures de la nuit, & le jour