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en un plaisant voyage d’une trouppe des plus doctes, & excellents poëtes de ce temps. Cela ne sera trouvé hors de propos, si en racomtons l’histoire ainsi qu’elle est advenuë, en l’an mil cinq cens cinquante-un. C’est, que au temps d’esté plusieurs poëtes de nostre nation s’estants alliez ensemble, en faveur de monsieur I. Brinon conseiller du Roy, pres de Poyssi sur la riviere de Seine, l’accompagnerent voir ses Muses Medan, & Villaines. Iceluy s’estant mis en devoir de les recevoir humainement, les festoya comme il appartenoit. Donc estants parvenuz lá, eurent bonne issuë en toutes choses : car errants plusieurs jours par les confins, trouverent maints appareils recreatifs de diverses maniëres de passetemps : comme à faire la chasse à plusieurs especes d’animaux, non encor mis en peinture, qui apparoistront quelquesfois. Ores cheminants par taillis, tendants aux oysillons en prenoyent de moult rares : tantost se trouvants par les forests, avoyent plaisir de voir beaucoup d’especes d’arbres avec leurs fruicts : autresfois cueilloyent diverses herbes sur les montaignes, & entre les vallees. Et la trouvants infinis arguments nouveaux, y firernt Sonnets, Odes, & Epigrammes Grecs, Latins, & Françoys en la louange de celuy qui les y avoit conduicts, & de ses nymphes. Et ayants consacré les fontaines, avec grandes ceremoniës, rapporterent toutes les reliques de leur enqueste. Dorat l’un de la compagnie, poëte eloquent, voyant que la limphe de Medan convertist ses larmes en Pierre, & voulant en perpetuër la memoire, imprima tels mots sur un tableau :

In Villanidem fontem. Nympha prius Villanis eram : Pan arsit, amantem Dum fugio : absorptam terra rogata rapit. Stat superum pro Pane favor : de Naïde lympha, De lympha fiunt viscera nostra lapis.