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dit, & candidis admixtis pennis, cela n’ha dit Aristote, aussi n’est trouvé es Halcyons avoir celle blancheur. Descrivant ce Martinet pescheur tel que nous l’avons veu en Grece, & est en noz rivages, dirons avec Aristote, qu’il est quelque peu plus grand qu’un Paisseteau. C’est l’oyseau du plus beau plumage que nous cognoissions. Il ne se sied à terre non plus que le Picverd, car il ha les jambes si courtes & rouges, qu’on diroit quasi qu’il n’en ha point : aussi ha il les pieds d’une autre sorte que les autres oyseaux. Il n’ha qu’un doigt derriere : mais des trois de devant, il en ha un de la partië du dedens moult court : les deux autres sont conjoincts ensemble assez grands, garnis d’assez bons ongles. Le pied est plat par le dessous, & coché par tout. Son bec est noir & rond de deux doigts en longueur, & qui est poinctu par le bout. Et lá ou Aristote le met Subviride, avons fait difficulté de telle diction : car nul est veu l’avoir de telle couleur. Les plumes de dessous son ventre & des aelles sont de couleur phoenicee, c’est à dire rougeastre tirant sur le fauve, & celles de dessous la gorge, sont blanches. Mais le dessus de la teste, des aelles, du dos, & de la queuë sont mouchetees participantes de verd & bleu sur le champ noir. Il ha aussi une tache rousse en chasque costé de la teste à l’endroit ou sont les ouyees, qui luy commence des le canton de l’oeil. Il ha la queuë courte, qui ne luy passe guere oultre les aelles : toutesfois on luy compte douze plumes leans. Pline acompagne un autre oyseau avec le Martinet, lequel il nomme Coeyx. Aristote fait difference entre Cerylus, que Theodore tourne Carulus, & l’Halcyon : car il dit au troisiesme chapitre du huitiesme livre des animaux : Apud mare Halceda versatur & Cerylus. Antigone vouloit que les Halcyons masles avoyent nom Ceryli. Nous pretendons que l’oyseau qu’Aristote ha nommé Cerylus, & Gaza Carulus, est celuy que Pline nomme Coeyx, quand au trente-deuxiesme livre de l’histoire naturelle, chapitre huittiesme, il dit, Fit in mari & Halcyoneum appellatum, ex nidis ut aliqui existimant Halcyonum & Coeycum, ut alij e sordibus spumarum crassescentibus, alij e limo, vel quadam maris lanugine. L’interprete d’Aristophanes en la Comedie intitulee Aves, ha ainsi escrit : Corylus. Corylus enim est avis : non enim est Sporgilus, etc. Pour ne desguiser nostre opinion en ce Corylus, Cerylus, ou Coeyx, pensons que Coeyx des anciens est l’Halcyon vocal, esperants nous en esclarcir, comme aussi des autres oyseaux animaux, & plantes qui nous sont en doute, & ce par l’apellation du vulgaire, que nous apprendrons les paisans de Grece : qui sera en brief, si Dieu plaist, en cas que sa majesté nous vueille saulver la vie. Ce qui conforte le plus nostre conception est, qu’on l’ha ainsi nommé, à cause de sa voix : & de vray qu’on regarde les fables d’Ovide du Coeyx, lon trouvera tout de mesme en luy que Itis. C’est que comme le Rossignol en chantant semble prononcer Itis, Itis, les anciens ont pris occasion de parler de Itine, ou Itis (comme ferons apparoistre en descrivant le Rossignol) aussi ont eu occasion en Coeyx. Parquoy apres avoir baillé le portrait du grand Halcyon, ferons voir un plaisant discours du petit.