Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

& distinguer leur couleur d’avec les autres, qui ont encor leurs jeunes plumes, dirons avoir observé un Pluvier noir en Autonne, lequel mescognoissions apres sa mue : mais toutesfois tant l’un que l’autre ont tousjours les pieds noirs. Leurs petits sont apportez à la fin du mois d’Avril, & lors estants encores jeunes, ont beaucoup de merques du plumage d’un Rafle : autrement on n’ha point acoustumé de voir les Chevaliers, sinon en hyver.

Du Vanneau.
CHAP. XVII.


LE VANNEAU est cogneu en touts lieux. Nostre opinion est qu’Aristote au trosiesme chap. du huittiesme livre des bestes l’ha nommé Aex, que Gaza ha traduit Capella, par ce qu’en criant il semble beller comme une Chievre qui dit Aex, Aex. Les Grecs le nomment en leur païs de nom vulgaire Trosagrios, qui signifie Paon sauvage. Les Italiens Paonchello, c’est à dire Paonneau : Mais les Françoys au lieu de Paonneau, dient Vanneau. Il est bien approchant de ceste signification : car il ensuyt le Paon en plusieurs merques. Il ha une huppe, qui est quelque peu dissemblable : car sa creste est faicte de cinq ou six plumes noires moult deliëes, & longuettes : dont les deux de devant, qui ont cinq ou six doigts de longueur, surpassent les autres. L’autre merque enquoy il est semblable au Paon, est qu’il ha le col ainsi gresle en celle partië ou il se termine à la teste, & la tierce est, qu’il ha ainsi les plumes de couleur changeante. Le Vanneau se paist de Mouches, qu’il prend en volant à la maniëre des Irundelles, de Ematopus & Crex. Mais cela n’est ordinaire, ains seulement quelques fois en esté : car il souffle en terre à la mode des Pluviers, & fait issir les verms de terre pour les manger. Il vole seulet en temps d’esté, toutesfois est veu en si grande compagnie l’hyver, qu’il semble à une grande nuee. Et lors s’ils descendent à bas sur une prairie, il fault qu’elle soit large & spatiëuse. Plusieurs le nomment diversement : les uns Dixhuit, pource qu’il semble qu’il crie dixhuit : les autres Papechieu. Il vole legierement, & quelquesfois fait grand bruit de ses aelles en volant. Et pource qu’il est reputé delicieux, aussi est quelquesfois autant vendu comme seroit un Chapon, & toutesfois il n’est de corpulence gueres plus grande que le Pluvier. Il est moult bien couvert de bonnes plumes, qui sont toutes noires à la racine, celle part ou elle touchent le corps. Toutesfois que la couleur en est bien autre par le dehors : car qui le met à la renverse luy estendant ses aelles, luy trouve bonne partië des plumes de l’aelle, & celles de dessous le ventre, & les cuïsses toutes blanches comme neige. Le dessous des aelles est tout noir, & le dessous de la queuë de moult belle couleur comme tannee. Il ha les jambes assez longuettes, & les cuïsses deschausses au dessus des genoux, dont la couleur est rousse. Les ortueils de la part du dedens sont conjoincts d’une peau : mais celuy de la partië du dehors, est beaucoup separé. L’ergot de derriere est moult petit. La couleur des plumes de dessus le jabot est toute noire, luy faisant un colier noir, comme ont les Merles en Savoye. Il ha la gorge toute madree de blanc & noir. Voyla quant à la peinture du revers. Mais