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noirs & moult grands, comme aussi son col est long & communement courbé. C’est de lá qu’elle en apparoist estre bossuë comme le Heron. Ses yeulx sout ronds, entournez d’un cercle doré, ayant le bec comme celuy d’un Butor, mais plus gresle. Quand elle se pourmene par les orees de quelque riviere, mare ou estang, on la voit trembler d’un pied en l’eau, comme voulant espouventer le poisson pour le prendre & le manger. Les considerations de la nature du Heron blanc, & de l’Aigrette, nous ont induït à penser qu’Aristote n’en avoit aucunement parlé. Les Aigrettes importunent quelques habitants de regions Mediterranees : car aucunefois iront à grandes troupes faire leur aire en quelque touche de jeune bois de haulte fustayë, qui aura beaucoup cousté à eslever, lequel estant touché de leurs excrements, cessera d’estre en verdure, tellement qu’on est contraint souventesfois faire grande despense avant les en pouvoir chasser. Il y ha certaines plumes en deux costez des aelles sur le dos de l’Aigrette, qui sont deliees & blanches, & qui sont venduës bien cheres es basefaus de Turquië : dequoy quelques hommes se reservent à eux pour secret de les aracher de dessus les Aigrettes : car ceux qui les prennent ou apportent vendre es marchez, n’y prennent garde. Sa chair est delicate