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s’il entendoit en deux especes. Cestuy Heron blanc n’estant en rien different au Cendré, ne peut estre leukerodios : Car Aristote au lieu susdit veult qu’il soit quelque peu moindre que le Heron. Le cendré & luy ont mesme cry, &, comme dit est, ils se hantent l’un l’autre, tellement qu’on les ha quelques fois veuz assemblez en une aire, & faire leurs petits meslez mi-partis, les uns blancs, & les autres cendrez. Et tout ainsi qu’il n’ha difference à l’Aigrette qu’en la grosseur, aussi n’est different au susdit qu’en couleur : Parquoy n’est ja besoing d’en bailler le portraict apres le cendré.

Du Butor.
CHAP. IIII.


LES Grecs ont eu bonne raison de mettre le Butor entre les especes des Herons. C’est un oyseau assez commun en touts lieux, & en France : & duquel l’appellation Françoyse se resent beaucoup de son antique appellation Latine. Car il est cotté en Pline, au quarente-deuxiesme chapitre, du dixiesme livre, que les Latins ont nommé un oyseau Taurum, à cause de son cry. Aristote l’ha nommé au 18. chap. du 9. livre, Astirias, qu’on ha tourné Stellaris, qui signifie Estellé, pource qu’ayant le corps de Heron, & estant d’autre couleur, est merqueté de diverses taches. Il fut aussi nommé Phoix, dit il, suyvant la fable d’un Esclave paresseux nommé Phoix, qui fut transmué en Butor. Encor pour le jourdhuy nostre vulgaire se resent de son antiquité sur ce passage, qu’en injuriant un homme paresseux, pense l’outrager de le nommer Butor. Cest oyseau ha cela de particuliër, qu’il essaye tousjours à crever les yeux. Pour laquelle chose les païsants qui en prennent, les voulants garder en vie, & estants advertis de ce vice, les