Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée

autres, comme la Poulle d’eau. Somme que estants semblables, n’y ha en ceste cy qui n’ait esté dit en la susdicte, & se peut on ayder de son portraict pour ceste cy.

Du Charadrios.
CHAP. XXVII.


LORS que faisions mention des oyseaux de nuict, avons touché quelque mot en passant de ce Charadrios : mais c’est suyvant l’authorité d’Aristote, qui entend qu’il est oyseau nocturne : iceluy au neufiesme livre des animaux chapitre unziesme, semble qu’il le face oyseau sauvage. C’est un oyseau mauvais, dit il, qui ha la couleur mauvaise, & apparoist la nuit, & s’enfuit le jour, se tenant es cavernes entre les rochers es lieux precipiteux, dont il ha gaigné son nom chez les Grecs, parquoy avis Charadrios, est autant comme qui diroit en Françoys oyseau habitant es ouvertures, entre montaignes & rochers de difficile accez sur les rivages des torrents. Gaza en Aristote le tourne Rupex & Hiaticola. Voicy comme il l’ha traduit. Volucres colunt aliae loca fragosa & saxa & cavernas, dit il, Ut quem à praeruptis torrentium alveis Charadrium appellamus, quasi Hiaticelam dixeris. Prava haec avis, & colore & voce, & noctu apparet, die aufugit : Mais Aristote se declarant mieux au huictiesme livre, troisiesme chapitre, ha dit, qu’il hantent sur l’eau, & par consequent avons facilement pensé qu’il est de pied plat. Cela est cause que l’avons mis en cest endroit. Aristophanes veult expressement que Charadrios est oyseau aquatique. L’autheur de l’histoire Ethyopique l’ha encor plus amplement fait entendre. Mais il y auroit doute de son raport, sçachant qu’il n’y ha aucunes montagnes en Egypte, si ne l’exposions. Parquoy interpretons en ce Charadrios, tout ainsi comme lon pourroit bien dire des Biëvres, Cormarants, Plongeons, & Mouëttes : C’est que en la saison de faire leurs petits, cherchants lieux commodes, vont pondre es lieux champestres sur les rochers le long des eaux douces ou salees, puis apres retournent chercher les lieux palustres d’Egypte & ailleurs. Il semble que Ephranius autheur Grec, ait dit du Charadrios, ce que Pline ha attribué au Loriot : c’est à sçavoir qu’il guerist de la jaunisse : mais il faut que ceux qui vendent l’oyseau, le cachent de peur que le malade ne l’ait veu le premier, avant qu’on l’ait acheté, & en tout, que l’oyseau ne regarde le malade. Les difficultez qu’on pourroit trouver es saincts escrits sur ce Charadrios, ne nous retarderont, ne aussi les autres qui dient que c’est un oyseau tout blanc, & si c’est de luy dont est fait mention au Deuteronome, dont estoit deffendu d’en manger aux Juïfs, le laisserons à esclarcir à ceux qui interpretent la langue Hebraique.