Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/214

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme fin duvet tenant fort à sa peau. Communement touts Plongeons sont sans queuë, & ont les aelles petites en proportion de leurs corps. Et quant au manger, touts sentent la sauvagine. Le portraict fera voir la disposition de son corps. Les merques, desquelles lon se peut servir pour tesmoignage de son nom ancien, peuvent enseigner, que c’est luy qu’on devroit nommer Uria ou bien Ouria.

Dn Plongeon de mer.
CHAP. XXIIII.


TOut ainsi qu’il y ha diverses especes d’oyseaux qui particuliërement se plongent en l’eau douce & qui n’entrent en la mer : aussi y en ha en la mer, qui ne se partent point de lá, pour venir entrer es estangs d’eau douce. Non pas que ne veuillons entendre qu’ils ne puissent bien endurer l’eau douce : car tout animal qui se plonge en l’eau douce, pourra aussi bien vivre en la mer, sinon qu’on excepte la Loutre. Parquoy le naturel du Plongeon, est de se tenir en la mer, & non en l’eau douce. Aristote à nostre advis ha entendu de ce Plongeon de mer, lors qu’il ha parlé au quatriesme chapitre, du huittiesme livre de l’histoire de Aethia. Les Latins l’ont nommé Mergus, qui est à dire Plongeon. Mais c’est

à sçavoir qu’il y ha difference entre les Plongeons, entant qu’ils obtiennent divers surnoms. Donc la diction Françoyse, Plongeon, s’estend plus que ne fait la Latine Mergus : car l’on y comprend aussi touts ceux qui sont nommez aves Urinatrices. L’oyseau que les Latins ont nommé Urinatrix, & les Grecs Colymbis se peut exposer en nostre langue par le seul mot de Plongeon. Mais celuy est different aux autres susdits. Le Plongeon de mer n’est guere plus gros qu’une Sarcelle, blanc par dessous le ventre, & noir partout le dessus