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sur le rivage de l’Ocean, lequel pour estre facile à nourrir, est aussi veu es villes mediterranees : Car quand les paisants ont trouvé son nid, ou il y ha communement deux petits, ils les portent pour donner à leurs seigneurs es villes.

De la Mouëtte cendree.
CHAP. XIII.


S’IL y eust eu quelque difficulté en la cognoissance de cest oyseau, estants au païs des Grecs, elle nous eust esté facile à vaincre. Car encor pour le jourdhuy, tout le monde le nomme Laros, comme aussi en Italie Gavia ou Gavina. Nous trouvons deux especes de Mouëttes, que les anciens autheurs ont assez bien descrites. L’une est cendree, qui est celle dont parlons maintenant : L’autre est blanche, que descrirons par cy apres. Toutes deux viennent de la mer jusques bien haut es lieux mediterranees, suyvants les lacs & rivieres. Ceste cendree n’est pas mal nommee de sa couleur : car elle ha tout le dos cendré : mais est toute blanche par dessous le ventre, comme aussi est sa queuë. Ses pieds & jambes sont noires, dont les doigts s’entretiennent de membranes, comme font ceux des Oyes & Canards. Le dessus de sa teste est tout blanc, ayant une tache noire en chasque costé assez pres du coing de l’oeil. Son bec est long & quelque peu courbé en arc, & creux par le dedens, comme est l’estuy ou manche ou lon met l’alumelle d’un rasouër : lequel bec est de la couleur de celuy d’un Butor, quasi comme de corne. L’extremité de ses deux aelles est noire, & principalement le bout des cinq grosses plumes, desquelles la premiere ha une bien petite