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dont celles du tour du col & de dessous le ventre, sont de moult belle couleur orengee, tirant sur le jaulne. Les plumes de dessus la teste, du dessus du col, & du dos sont noires. Il auroit toute l’aelle blanche, n’estoit que les allerons sont noirs. Son bec est long de trois doigts, qui est en ce different à celuy des Oyes & Canes, qu’il est rond & recroché par le bout, & est de couleur tirant sur le rouge, ayant les coches par les costez ainsi que les oyseaux de riviere : mais il ha une caveleure noire d’abondant, qui est droicte par le dessus, & sa langue cochee, à la mode des autres oyseaux de riviere. Ses jambes & pieds sont rougissantes, semblables à celles d’une Cane. Aussi ha la queuë courte comme touts autres oyseaux de riviere.

Du Morillon.
CHAP. X.


IL y ha une particuliëre espece d’oyseau de riviere, que nostre vulgaire nomme un Morillon, moult semblable à une Cane, & qui est de mesme grosseur, ayant le bec entaillé par les bords de profondes coches à la maniëre d’une sië. Le Morillon ha le dedens des pieds & des jambes rougeastres, mais le dehors en est noir. Il ha toute la teste tannee jusques à la moitié du col, ou il commence à prendre un collier blanchastre. Et de lá en avant sa poictrine est cendree, & est blanc dessous le ventre. Il seroit totalement noir par dessus le dos & aelles, n’estoit que quand on les luy estand, lon voit sept plumes en chasque costé, qui luy font l’aelle toute bigaree ainsi comme à la Pië. Mais au reste toute l’aelle, comme aussi la queuë, est noire, qui ressemble proprement à celle d’un Cormarant. Sa principale nourriture estant en l’eau, est des petits animaux qu’il trouve au fond : car sçachant faire le plongean, & se contenir lá dessous, moult longue espace de temps, prend du petit poisson & des Escrouëlles, qu’on pourroit nommer en Latin, Millepedae aquaticae ou Pediculi. Il se paist aussi des semences des petites herbes, qui croissent le long des ruisseaux, & des Escrevisses tendres, comme aussi de toute sorte de petits Limas. Sa langue est charnue, tellement qu’il semble en avoir un autre à la racine. Sa poictrine est fort large, comme aussi est en toutes maniëres de Canes. Il ha les cuïsses courtes & tirees en dehors, comme ont touts oyseaux qui se plongent. Son anatomië interieure ne semble rien avoir de particulier, que de ne luy trouver point de fiel. Son foye est divisé en deux lopins, dont l’une partie couvre le gesier, & l’autre les intestins. Nous ne separerons celle espece de Morillon, qu’on nomme vulgairement un Tiers. Parquoy le descrirons en ce mesme chapitre. Nostre vulgaire recognoist le Tiers à ce qu’il est Tiers entre Morillon & Cane. Il est ainsi bigaré par les aelles comme le Morillon, mais son bec est comme celuy de la Piette. Quant au reste, qui faindroit voir une Piette coloree entre le Morillon & Canard, ayant les aelles bigarees, auroit la perspective d’un Tiers en son idee. Il est donc moindre en grandeur