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point, ains sur lodiers de bourre de Chameau, ou de laine, coton, ou summitez des rouseaux. Les Grecs ont nommé l’Oye Ghin, & les Latins Anser. Varro & Columelle, qui ont beaucoup escrit de la chose rustique, ont assez amplement parlé de la maniëre de les faire couver. Aristote ha esté si diligent inquisiteur de la nature des animaux, qu’il s’est voulu empescher à regarder l’anatomië des Oyes, & la descrire. Il ha seulement distingué les Oyes en grande & petite : toutesfois Pline constituë l’une sauvage, l’autre domestique. Sçachant donc que l’Oye est cogneuë d’un chascun, nous n’en ferons autre description. Mais pource que les medecins en ont fait mention, trouvons qu’ils ont desestimé ses œufs & sa chair comme chose excrementeuse, & difficile à digerer, ayants eu esgard que c’est un oyseau palustre. Sa chair est beaucoup humide & visqueuse, toutesfois maintenant que nous sommes venus plus friands qu’ils n’estoyent en ce temps lá, nous ne faisons gueres moindre estime d’une jeune Oye bien ourrie & grasse, & principalement farcie de bonnes drogues, qu’ils faisoyent de leurs Bars, Scares, Mullets. Ils n’ont rien jugé de meilleur en l’Oye que le foye, & l’ont trouvé de bonne digestion. Les Latins n’ont nommé le Jesier Jecur, car c’est le foye, parquoy lá ou nous pensons entendre du foye en ceste diction Jecur, ne l’ont entendu du Jesier. Onc ne fut que la gresse d’Oye n’ait eu louange & vertu pour medecine. Il appert en plusieurs passages des anciens, qu’elle estoit en commun usage es delices des Romains.