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toutesfois est un autre, dont avons ja par cy devant parlé. Il y ha quelque apparence de soubsonner que cestuy cy est une mesme chose, que ceux, qu’on appelle autrement Diomedeas aves, & Juba Catharactas, qui ont les yeux de couleur de feu, ayants aussi le bec garni de dents, & reste du corps blanc comme des Cygnes. Solin autheur Latin en ha aussi parlé : mais il n’en ha rien dit qu’il ne l’ait prins de Pline, ou Aristote. Et pource qu’avons trouvé un passage difficile en Solin sur cecy, nous y sommes retardez pour l’exposer, formaque fulicis, dit il, color candidus : toutesfois trouvons qu’il nentend par cela, que Fulica est oyseau de couleur blanche, mais que cest oyseau Onocrotalus est de couleur blanche, ayant la forme de Fulica. Or pour retourner à Diomedeas aves, trouvons que ce n’est chose moult nouvelle, de voir un bec d’oyseau dentelé. Car les Canes, les Oyes, les Cygnes, comme aussi cest oyseau Onocrotalus, & autres plusieurs de riviere, l’ont dentelé par les bords. Ovide trouvant l’appellation de ces oyseaux en doute, feit des vers à ce propos. Si volucrum quae sit dubiorum forma, requiris : Ut non Cygnorum, sic albis proxima Cygnis, Magna pedis digitos pars occupat, oraque cornu Indur ata rigent, sinemque in acumine ponunt. Les autheurs font difference de l’oyseau nommé Catharacta & Catharracta avec deux rr, mais il nous en souviendra en toucher encores un petit mot en parlant du Cormarant. Donc ce Pelican entant qu’il est oyseau palustre, & se paist de mesme viande que le Cygne, & fait son nid contre terre, tout ainsi comme le Cygne, il vit principalement en lieux mareschageux tant de mer que d’eau douce. Par ainsi faut juger sa chair estre de mesme temperature, & en aliment pareil comme est celle des Oyes & Canes.

De l’Oye privee.
CHAP. III.


S’IL y ha difference entre l’Oye privee, & la sauvage, c’est si peu qu’il ne se peut quasi cognoistre. La privee ha prins son origine du sauvage. Lon en trouve de deux sortes de privee : dont l’une qui est plus franche, est plus grande & de meilleure couleur, & trouvee la plus feconde : l’autre qui retire à l’Oye sauvage, est de moindre corpulence, & aussi de moindre revenu. Les bons mesnagers sachants bien que la nourriture des Oyes est de moult grand profit, en font grande estime, pource qu’elles ne font aucune despence, & pour les avoir meilleures les font choisir de grande corpulence, & de blanche couleur, fuyants celles dont les oysons sont d’autre couleur. Car celles qui ne sont constantes à tenir leur couleur, sont estimee de mauvaise race. Nous ne trouvons que les anciens eussent l’usage ordinaire de se coucher sur la plume. Il est bien vray que Pline au XXII. chap. du X. livre, ha dit qu’on en faisoit des aurilliers, & que pour cela la plume en estoit un second revenu : mais, comme il dit, c’estoit tant seulement pour se mettre dessous la teste. Ce qui nous fait penser que les anciens n’avoyent l’usage de se coucher sur lit de plume, est qu’encor pour le jourd’huy les hommes du levant n’y couchent