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que la prunelle de leurs yeux est propre à cest effet, est bien garnië de ses couleurs. Aussi ont encor autres umbrures vers les ouïes, qu’ils peuvent haulser & abaisser, & qui les fait clerement veoir la nuict. Toutesfois ils ne sont en pourchas sinon au soir, & matin, chose que Aristote ha des-ja approuvee disant au trente-quatriesme chapitre du neufiesme livre, Noctus, Cicuniae, & reliqua, quoe interdiu nequeunt cernere noctu venando cibum sibi acquirunt. Verum non tot a nocte id faciunt, sed vespertino, & matutino, etc. Qui prendra garde à leur veuë, trouvera qu’elle n’est si imbecille le jour comme lon crie. Et qui s’enfermera la nuict avec l’oyseau le plus clair voyant de touts ceux qui seront nombreux cy apres, le mettant en une chambre, ou il n’y ait aucune clarté, en sorte que le lieu soit totalement obscur, & aille vers l’oyseau, trouvera qu’il ne voit rien luy mesme. C’est une prouve facile à essayer, pour monstrer que ou il fait extreme obscurité, ne les oyseaux, ne les animaux de nuict ne voyent aucunement. Pour oyseaux de nuict entendons ceux que les Latins nomment Nocturnas aves, & que les Grecs de terme general nomment Glaucopis, qui est à cause de leurs yeux qui sont de couleur veronne, c’est à dire ce que les Latins ont nommé Caesius color, telle qu’on estimoit estre es yeux de Minerve, & Neptune, & qu’on nomme es chevaux d’oeil veron, & en Italien bais ou bayez. Nous cognoissons cinq especes de tels oyseaux assez vulgaires : Sçavoir est, le grand Duc, & le petit, & un autre qu’on nomme une Hulote, & la Cheveche, & le Hibou : mais les anciens nous en ont signifié encor plusieurs autres, dont en avons mis un entre les oyseaux de proyë, au chapitre de l’Ossifragus. Encor mettons le Corbeau de nuict, que les Grecs nomment Nicticorax, & Aegotilas que les Latins nomment Caprimulgus, comme aussi Rupex, ou Charadrias. Capriceps aussi est oyseaux de nuict : qui (à nostre jugement) est celuy que les anciens ont comprins en ceste espece. Theodore en Aristote au troisiesme chapitre du livre huittiesme des animaux, disoit en ceste maniere : Nocturnarum etiam nonnullae aduncis sunt unguibus, ut Cicunia, Noctua, Bubo. Il ha traduit Cicunia pour la diction Greque Nicticorax : & pour la diction Greque Glaux, Noctua : & pour Byas, Bubo. Encor au mesme lieu dit Aristote : Species similis Noctuae Bubo est, sed magnitudine non minor quam Aquila. Item Aluco, Ulula, Asio. Theodore ha mis en Latin Aluco, pour la diction Greque Eleos : & Ulula, pour Aegolios : & Asio, pour Scops. Il est manifeste que Aristote aux livres des animaux ha fait mention de dix oyseaux qui volent la nuict : car il y ha Nicticorax, Glaux, Byas, Eleos, Aegolios, Scops, Phinis, Otus, Aegotilax, Charadrios. Arist. au lieu que dessus, dit : Aluco major Gallinaceo est, Ulula compar. Picas utrique venantur. Asio minor quam Noctua est. Haec tria simili specie constant, & carne vivunt. Or avoit il des-ja dit, Bubo magnitudine non minor quam Aquila : & s’il disoit par apres, Asio ou Eleos major Gallinaceo est, il ne seroit aucune distinction de la grandeur entre Bubo & Aluco : Car quasi autant vauldroit qu’il les feist de mesme corpulence disant que l’un est plus grand qu’un Coq, & l’autre n’est moindre qu’une Aigle. Pline escrivant le trente-septiesme chapitre de son unziesme livre, ha dit en ceste maniere, Pennatorum animalium Buboni tantum, & Oto, plumae velut aures, caeteris cavernae ad audiendum. Simili modo squamigeris, atque Serpentibus. Et de vray il n’y ha que les oyseaux de nuict qui semblent avoir aureilles. Pline traduisant Aristote ne l’a pas ensuivy en cecy : car parlant des oyseaux au douziesme chapitre du dixiesme livre, il n’en nomme que bien peu. Uncos