Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/167

Cette page n’a pas encore été corrigée

Du Coqu.
CHAP. XXVIII.

LA similitude qui est entre le Coqu & les oyseaux de proyë, est cause que l’ayons mis en ce lieu avant parler des oyseaux de nuict. Les Grecs qui anciennement nommoyent le Coqu Coccix, le nomment maintenant De cocto. Les Latins l’ont nommé Cuculus, & les Françoys Coqu, qui est cause de son cry. Nature ha monstré en son endroit qu’elle est soigneuse de son ouvrage : Car comme le Coqu ne pond qu’un œuf, & lequel il pouvoit bien mettre au nid d’un Serin, Tarin, Pinsson, ou autre animal, qui abesche ses petits de grain, toutesfois elle ha voulu luy chercher le nid d’un oyseau decent à sa nourriture, luy enseignant qu’il failloit qu’il le mist en celuy d’un oyseau qui nourrist ses petits de verms, & principalement d’une Fauvette, qui estoit anciennement nommee Curruca. Il ha esté aussi veu pondre au nid d’une Allouëtte contre terre, & au nid d’un Coulomb Ramiër, & au nid d’un Verdiër. Si nature eust permis que le Coqu eust mis son œuf dedens le nid d’un plus petit oyseau que luy, elle eust esté injuste si elle eust fait, qu’il eust ponnu plusieurs œufs : car luy qui est de grosse corpulence, estant repeu par un si petit oyseau comme est la Fauvette, fust mort de faim, si le pere & la mere n’eussent fourny à la mangeaille. Mais comme les pere & mere pouvoyent bien fournir à une quantité de petits, aussi pourront bien satisfaire à