Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

vermeilles, & bien colorees, & les nouëes grosses, & que celles de la poictrine ensuyvent bon ordre, & que le brueil soit meslé de mesme traversaine ainsi que le corps, & les sourcils soyent blancs un peu meslez de vermeil, qui prennent le tour jusques derriere la teste, & ayant les pennes larges, & soit tousjours familleux, sera entre touts autres de bonne eslite. Les Esperviers ne tiennent leurs perches si constamment comme font les Faucons. Parquoy on ne les prend si souvent aux lacets. On les trouve volontiers perchez en temps d’hyver aux bois de haulte fustaye sur un arbre gresle en lieu ou il y ha abry le long de quelque haye, plus tost qu’en un bien gros arbre en une haulte forest. Et venant à sa perche est environ l’heure de Soleil couchant, volant principalement contre le vent. L’Espervier est de moyenne corpulence entre les oyseaux de proye, mais son masle est de moindre stature. Il y ha si peu de difference de l’Espervier & son masle, qu’on n’y cognoist que la grandeur qui les puisse distinguer. Son masle de nom propre Françoys est appelle un Mouchet. Et pource qu’il n’est hardy, & de franc courage, lon n’a pas souvent accoustumé de le nourrir pour s’en servir à la fauconnerie. La description des couleurs du Mouchet que metterons maintenant, pourroyent aussi convenir à l’Espervier. C’est la cause que les avons descritz touts deux ensemble pour eviter prolixité. L’Espervier, comme aussi le Mouchet, ont le dessus de la teste couvert de plumes brunes, mais la racine en est blanche. Quelques plumes de celle partië des aelles, qui touchent le dos, sont merquees de taches rondes, & blanches. Les plumes qui couvrent le dos, & les aelles, ne luy apparoissent madrees, sinon qu’on les regarde par le dedens, qui sont principalement merquees par le travers. Les petites plumes qui sont entour les plis des aelles, & au costé de l’estomach sont roussettes, comme aussi sont celles qui sont dessous le ventre, qui luy apparoissent fort mouchetees par le travers, ayants cela de particuliër, que les costez en sont noirs.

Du Laniër, & Laneret.
CHAP. XXII.


LE LANIER entre les oyseaux de fauconnerië prend aussi le surnom de Faucon : car ils dient communement Faucon Laniër. Il est ordinairement trouvé faisant son aire en nostre France. Et pource qu’il est de meurs faciles, lon s’en sert communement à toutes propos. Il fait toutes les ans son aire tant es haults arbres des forests de haulte fustaye, comme aussi es haults rochers, selon le païs ou il se trouve. Il est de plus petite corpulence que le Faucon gentil, aussi est de plus beau pennage que le Sacre, & principalement apres la muë, & plus court empiëtte que nul des autres Faucons. Les fauconniers choisissent le Laniër ayant grosse teste, les pieds bleuz & orez. Le Laniër vole tant pour riviere, que pour les champs. Et pource qu’il n’est dangereux pour son vivre, il supporte mieulx grosse viande, que nul des autres Faucons de gentes pennes. Les merques sont infallibles pour recognoistre le Laniër : c’est qu’il ha le bec & les pieds bleuz, & les plumes de devant meslees de noir avecques le blanc, non pas traversees, comme au Faucon, mais de taches droictes le long des plumes. Le plumage du Laniër