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moyen de trouver mercy entre les jambes des chevaux, & se laisser souvent prendre en vie, plustost que d’experimenter la mercy de leur ennemy mortel. Un Hobreau est si leger qu’il se hazarde contre un Corbeau, & luy ose donner des coups en l’aer. Il ha cela de particulier, qu’ayant trouvé les chasseurs, il ne les suyt que certaine espace de temps, quasi comme s’il avoit ses bornes limitees : car se departant, va trouver la rive de son bois de haulte fustaye, ou il se tient, & perche ordinairement. Le Hobreau ha le bec bleu : mais ses pieds & jambes sont jaulnes. Les plumes qui sont au dessous de ses yeux, sont fort noires, tellement que communement depuis le bec elles continuent de chasque costé des temples, & vont jusques derriere la teste, dont sort une autre courte ligne noire en chasque costé du bec, qui luy descend vers les orees de la gorge. Quant au sommet de la teste, il est entre noir & fauve : mais ha deux taches blanches derriere par dessus le col. Le dessous de la gorge, & les deux costez des temples sont roussettes sans madrures. Les plumes de dessous le ventre ont la madrure de telle façon, qu’estants brunes par le milieu, ont quelque petite partië des bords blanchastre. Les aelles sont bien mouschetees par dessous : mais cela est que les plumes ont les taches sur les costez par intervalles, ne touchants point au miliëu. Tout le dos, la queuë, & les aelles apparoissent noires par le dessus. Il ne porte aucunes larges tablettes sur les jambes, sinon que commençant depuis les trois doigts, lesquels il ha longs au regard des jambes qui sont courtes. Sa queuë est fort bigaree par dessous de taches rousses tressees en travers entre les noires. Les plumes (qu’on nomme les jambiëres) qui couvrent l’aer, lon les cuysses sont plus colorees d’enfumé qu’en nul autre endroit. Le voyant voler en apperçoit le dessous de la queuë, & l’entre-deux des jambiëres, rougeastre.

De l’Esmerillon.
CHAP. XX.


L’ESMERILLON est le plus petit oyseau de proyë dont les fauconniers se servent. Il est de poing & non de leurre, combien qu’à un besoin on le puisse aussi aduïre au leurre. Il est de moult hardy courage : car combien qu’il ne soit guere plus gros qu’un Merle, ou Pigeon, toutesfois il se hazarde contre la Perdris, la Caille, & tels autres plus grands oyseaux que luy. Il represente si naïfvement le Faucon, qu’il ne semble differer sinon en grandeur : car il ha mesmes gestes, mesme plumage, & est de mesmes meurs, & en son endroit ha mesme courage. Parquoy il le faut maintenir estre aussi noble que le Faucon. Il est seul entre touts les autres oyseaux de proyë, qui n’ha distinction de son masle à la femelle : car lon ne trouve point de Tiercelet en l’Esmerillon. Aristote (à notre jugement) endroit de luy, ou il l’ha surnommé Leius : en cas que ce ne fust Leios Hierax, n’avons aucun nom ancien pour l’exprimer.