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est plus petit, & de plus long vol, mieulx croisé, & ha grosse teste & ronde. Il est appelle Tunicien, pource qu’on l’apporte du païs de Barbarie, ou il fait son aire ne plus ne moins que le Laniër en France. Aussi est apporté par ceux de Tunis, qui est la maistresse ville de Barbarie. Il est bon pour riviere & bien montant sur aelle, & aussi pour les champs à la maniëre du Laniër, mais il est rarement apporté de par deça. Tiercelet est prononcé, suyvant l’ethimologie d’un tiers, & possible que le Tiercelet ha gaigne ceste appellation Françoyse de sa petitesse, & que les Latins l’ont nommé Pomilio. Cecy ha esté des-ja dit cy devant, en alleguant un passage de Pline disant au second chapitre, du douziesme livre de l’histoire naturelle : Nanque & Chamaplatani vocantur coactae brevitatis, quoniam arborum etiam abortus invenimus. Hoc quoque ergo in genere Polilicnum infoelicitas dicta erit. Et au quatriesme chapitre, de l’unziesme livre : Pomilionum (dit il) genus in omnibus animalibus est, atque etiam inter volucres. Ceste sentence est conforme à ce qu’Aristote en ha escrit en lá fin du dernier chapitre, du second livre de la generation des animaux : ou il dit : Pygmaeorum etiam, id est nanorum pomilionum, & pusillorum generatio similis est : nam eorum quoque membra & magnitudines vitiantur in utero, & sunt veluti aporcella, & ginni. Toutefois pource que la matiere des Tiercelets est autre, vouldrions plus tost penser qu’ils les ont entenduz sous la signification de Hypo preposition, qui signifie en Latin sub, & en Françoys dessous : comme avons fait voir plus à plain en descrivant le Sacret : parquoy nous ha semblé que c’est erreur d’escrire Tercelet. Les Tiercelets des autres oyseaux de rapine sont autrement nommez : car celuy de l’Espervier est nommé Mouchet, celuy du Laniër, Laneret, du Sacre, Sacret. Touts lesquels fault entendre estre les masles. Le Tiercelet de Faucon est de moindre corsage que le Faucon, & luy est si semblable, qu’il ne differe qu’en grandeur, ayant les plumes beaucoup madrees, duquel la teste est fort noire : aussi ha il les yeux noirs, & est cendré par le dos, & dessus la queuë, qui toutesfois est madree, comme aussi sont les plumes des aelles, desquelles le bout est noir. Il y en ha six entieres, qui luy sortent dehors, comme au Faucon : car la septiesme, qui est la derniere, est petite, & se cache dessous les autres. Il est oyseau de leurre, comme aussi est le Faucon, & non de poing. Ses jambes & pieds sont jaulnes, & ha communement la poictrine palle. Il porte deux taches bien noires sur les plumes es costez des yeux.

Du Hobreau.
CHAP. XIX.


DE TOUTS oyseaux de fauconnerie, lon n’en cognoist aucun de moindre corpulence que le Hobreau, apres l’Esmerillon. Le Hobreau est oyseau de leurre, & non de poing : aussi est il du nombre de ceux qui volent hault, comme le Faucon, le Laniër, & le Sacre. Quand avons voulu descrire un Hobreau, le voyant conferé à un Sacre, n’avons trouvé moult grande difference, sinon en la grandeur. Cela nous fait penser que quelques uns qui ont dit que le Hobreau ressembloit justement à un Faucon, eussent peu dire à un Sacre. Il n’y ha contree ou les Hobreaux ne suyvent les chasseurs, car le vray mestier du Hobreau