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autres sont nommez estrangers, pource qu’ils viennent de loingtains païs : & par ainsi sont autrement nommez Faucons pelerins. Il y en ha qu’on apporte de Cypre, qu’on cognoist à ce qu’ils sont de petite corpulence, ayants leurs plumes rousses, qui sont plus hardis que les autres. Lon pense que ceux de Sardaigne sont moult semblables aux Cypriens, & que tels Faucons sont fort bons Gruyers, & Heronniers, & assaillent hardiment les Cignes. L’election des Faucons est de choisir les moyens qui ne sont ne des grands, ne des petits, comme sont ceux qu’on nomme Pelerins, qui ont esté prins sur la falaise de la mer, qui n’ont gueres sejourné au païs pour se nourrir, & qui n’ont entendu sinon à venir. Tel Faucon Pelerin qui ha grosses espaules, longues aelles, gisants au bout de la queuë, & que celles de la queuë monstrent grosses plumes bien mouluës, & la queuë moult longue, & qui se termine en filant, comme celle d’un Espervier, & que les pennes soyent bien rondes, & que le bout de la queuë ne soit blanc de plain pousse, ayant les nerfs bien vermeils, sera loué entre touts autres. Aussi doit avoir les pieds de la couleur de ceux d’un Butord, & bien fendus, & verds, les ongles noirs bien pointus & trenchants, & ne doit estre ne trop hault assis, ne trop bas, & que la couleur des pieds, & chiere du bec soit toute une. Aussi doit avoir le bec brossie, & grosset, grandes narines & ouvertes, & doit avoir les sourcils un peu haults & gros, les yeux grands & cappes, & la teste un peu voultissee, & rondette par le dessus. Et quand il est seur, qu’il face un peu de barbette dessus le bec avec sa plume. Aussi doit avoir le col long, & haulte poictrine, & un peu rondette sur les espaulles à l’assembler du col, & se doit seoir large sur le poing, peu revers, mordant, & familleux. Ses plumes blanches & colorees de vermeil, & les nouëes grosses & bien vermeilles. Les sourcils, & les jouës blanches, colorees de plumes vermeilles, la teste grize, le dos de bize couleur comme celuy d’une Oyë, les plumes larges & rondes : & sur tout ne doit point estre grand, mais se doit entresuïr de plumes, de pied, & de bec, & doit aussi avoir l’ouvre grande, & dedens l’ouvre ne doit point avoir un bout de l’escofraye. Les Faucons se perchent en diverses manieres, dont y en ha qui tiennent leurs perches longuement & n’ont gueres accoustumé de les prendre dedens la forest, mais au rivage du bois dessus les branches des haults arbres de fousteaux, ou chesnes en l’endroit ou il y ha meilleur abry, & ou il ne vente point, ou bien se asseoyent sur les guignons des roches es haultes falaises. Entre les Faucons celuy qu’on nomme Gentil, les fauconniers le louënt pour estre bon Heronnier, & à toutes manieres d’oyseaux de riviere tant dessus que dessous, comme à Rouppeaux, qui ressemblent à un Heron, à un Esplugebant, aux Poches, & aux Garsotes. Si ce Gentil est prins niaiz, on le peut mettre à la Grue : car s’il n’y estoit fait de niaiz, il n’en seroit si hardy : pource que n’ayant jamais rien cognu, le laissant premierement sur la Grue, il ne sera trouvé plus vaillant. Le pelerin est naturellement vaillant, hardy, & de son affaire, & moult courtois à son maistre. On le prend en la saison d’Automne : car lors il passe de païs en autre. On le leurre pour la Grue, pour l’oyseau de Paradis, qui est plus petit que la Grue, pour les Rouppeaux, pour les Poches, Garsotes, Ostardes, Olives, Faisans, Perdris, Oyës sauvages, & toute autre maniere de gibbier. Cest oyseau est de sa propre nature franc à tout faire. Le Faucon de Tartarie est aussi nommé de Barbarie : car on les prend lors qu’ils passent de Tartarie pour aller en Barbarie. Il est passager comme le Pelerin, & est quelque peu de plus grande corpulence,