Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/142

Cette page n’a pas encore été corrigée

autrement nommé Triorchis, pource (dit il) qu’il ha trois testicules : Nous estimons que c’est le Sacre. Le second d’apres est nommé Aesalo, que pensons estre le Lanier : Le troisiesme, Circus, que pensons estre le Fau-perdrieux : Le quatriesme, Stellaris, qui à nostre jugement est l’Autour : le cinqiesme, Palumbarius, que maintenons estre le Faucon :

Le sixiesme Pernes : Le septiesme Subuteo, autrement nommé Hypotriorchis, pour lequel prenons le Hobreau : Le huictiesme Percus, ou Spiza, parce qu’il menge les Pinssons, qui est l’Espervier : Le neufiesme Phrinolochos, que voulons advoër Goiran, ou Bondree : Les autres qu’il nomme Leves, nous semblent estre les Emerillons : La dixiesme espece est, dont Homere ha fait mention en son Iliade, la nommant Chalcis. Puis donc que les Françoys donnent certain nom vulgaire à touts oyseaux de rapine qui vivent en leur païs, avons pensé leur pouvoir rendre leurs appellations antiques, en les conferant avec les modernes : car tout ainsi comme les anciens ont voulu que le Sacre, que les Grecs nommoyent Hierax, & les Latins Accipiter, fust le terme principal, dessous lequel sont comprins toutes autres especes d’oyseaux de proyë, semblablement les Françoys de nostre temps, ont fait que le Faucon seroit le principal en son genre, voulants que le Sacre, Gerfaut, Autour, & tels autres tinssent aussi le surnom de Faucon : car nommants les uns Faucons de leurre, ils mettent le Faucon gentil au premier lieu, & consequemment le Faucon pelerin, le Faucon de Tartarië, le Faucon de Barbarië, le Faucon Gerfault, le Faucon Sacre, le Faucon Laniër, le Faucon Tunicien, ou Punicien. Mais voulants les descrire par ordre, & cherchants oster la confusion, sçachants que nous avons huit principales especes d’oyseaux de proyë assez cogneuës d’un chascun, & familiaires en France, dirons qu’il y en ha quatre qui volent de poing, & prennent de rendon, qui sont l’Autour, l’Espervier, le Gerfault, & l’Emerillon : & quatre qui volent hault, qui sont le Faucon, le Laniër, le Sacre, & le Hobreau. Quant aux Aigles & Vautours, qui aussi sont oyseaux de proyë, nous les avons des-ja specifiez ailleurs. Les oyseaux de nuict seront deduicts par cy apres. Grande partië des oyseaux de rapine, excepté les Vautours, & aussi le Coqu, ont communement les plumes de la queuë & des aelles beaucoup madrees. Touts ont l’ongle & le bec crochu, & sont presque semblables les uns autres : car ils semblent n’estre differents qu’en grandeur : veu mesmement que leur couleur se change diversement selon leur muë, qui fait qu’ils en sont appellez Hagars, ou sors, tout ainsi qu’on fait des Harans enfumez surnommez Sorets. Il y ha grande partië des oyseaux de proyë qui sont passagers, que nous ne sçavons bonnement dont ils viennent, ne ou ils s’en revont : mais d’autant que les estrangers sçavent y avoir profit, font diligence de les prendre & les nous apporter, qui est cause de les nous faire cognoistre : car sans cela nous n’en pourrions avoir aucune espece estrangere. Et pource qu’on les prent le plus souvent avec de la gluz, qui est cause de leur froisser les pennes à qui ne la scet oster, nous en avons voulu dire la maniere. Il fault avoir du sablon menu & sec, & cendre nette meslez ensemble : & de cela saulpouldrer le lieu, & plumes en gluees, & le laisser ainsi une nuict. Le lendemain ayant batu des moyëux d’œufs, fauldra oindre le lieu englué avec une penne, & le laisser deux jours : de rechef prendre du gras de lard, & beurre fraix fondus ensemble, & oindre les places engluees, & les laisser ainsi une nuict. Le lendemain ayant fait tiedir de l’eau, fault laver l’oyseau, puis lessuyer avec linge net, & desseicher l’oyseau. Les oyseaux de fauconnerië sons communement prins niaiz, branchers, ou fors. On ne les doit oster du nid qu’ils ne soyent forts, & se sachent tenir sur leurs pieds, puis les tenir sur un bloc ou perche, pour mieulx demener leur pennage sans le gratter en terre. Il fault les paistre de chair vive le plus souvent qu’on pourra : car elle leur fera