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puissent avoir faulte, sçachants que si les petits y demouroyent, ne laisseroyent en bref temps assez de proye qui leur peust fournir. Toutesfois si est-ce que l’Aigle ne se paist communement pres de son nid, ains se va pourvoir au loing. Et si d’avanture luy est rresté de la chair du jour precedent, elle la reserve, à fin que si le mauvais temps l’empeschoit de voler, elle ait assez de viande pour le jour ensuyvant. Une Aigle ne change point son aire durant sa vie, ains retourne à un mesme nid par chascun an : & ha lon observé par cela que l’Aigle est de longue vie, & devenant vieille, son bec s’allonge tant qu’il en est si crochu, qu’il l’empesche de manger, tellement qu’elle en meurt, non pas de maladie, ou l’extremité de vieillesse, mais pour ne pouvoir plus user de son bec, qui luy est si fort accreu. L’aigle meine guerre avec le petit Roytelet, mais ce qui en est cause, au penser d’Aristote, est son seul nom : car aussi est il appellé le roy des oyseaux, lequel tiltre l’Aigle veult luy estre deu. Encor y ha un autre petit oyseau, qu’Aristote ha nommé Sitta, & les Françoys un Grimpreau, qui luy fait de grands oultrages : car lors qu’il sent l’Aigle absente, il luy casse ses œufs. L’aigle Royal est celuy qu’avons des-ja