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Il estoit en dispute des le temps de Pline, du’n oyseau, lequel leurs ancestres nourrissoyent pour leurs sacrifices, & augures, nommé Immussulus. Immussulum (disoit Pline) aliqui Vulturis pullum arbitrantur esse, & Sanqualem Ossifragae. Massurius Sanqualem Ossifragam dicit esse, Immussulum autem pullum Aquilae priusquam albicet cauda. Quidam post Mutium augurem visos non esse Romae confirmavere. Ego (ce disoit il) quod verisimilius est, in desidia rerum omnium non arbitror agnitos. Nous avons mis cecy pour monstrer que deslors ils avoyent doubte, & incertitude, quel oyseau est Sanqualis, & Immussulus : il serait donc difficile que nous en puissions sçavoir nouvelles.

Division des especes des Aigles, selon le recit d’Aristote, & Pline.
CHAP. III.


GRANDE ha este la diligence des anciens autheurs Grecs, & principalement d’Aristote, qui au trente-deuxiesme chapitre, du neufiesme livre de la nature des animaux ha enseigné, qu’il y ha diverses especes d’Aigles. Les unes sont plus grandes, les autres sont moindres, & les autres petites. Mais il les ha toutes distinguees de noms propres, constituant les unes plus nobles, les autres bastardes. Or avant que commençons à les distinguer de particuliëre appellation Francoyse, ferons premierement entendre qu’Aristote qui les observa par le menu, mit la vraye Aigle au sixiesme lieu, la nommant de nom Grec Aetos. Mais ha Pline en ce ne l’a pas ensuyvi. Touts oyseaux de proye sont comprins soubs ces deux noms, Aetos, ou Hierax, c’est à dire Aquila, ou Accipiter. Or doncq puis qu’il y ha plusieurs oyseaux de rapine cognuz, & nommez de noms Françoys, qui toutesfois ne se peuvent bonnement prouver à quelque nom ancien Grec, ne Latin, les rechercherons tant par souspeçon, qu’autrement. Et pource qu’il y ha six especes d’Aigles, ausquelles Aristote imposa le nom tel que les habitants de Grece leur avoyent baillé, il nous laissa enseignes pour les sçavoir cognoistre, beaucoup plus apparentes, que des autres oyseaux de rapine nommez Accipitres, dont parlerons par cy apres. La premiere espece d’Aigle fut nommee par les Grecs Pygargus, pource (dit Aristote) qu’elle ha la queuë blanchastre : c’est celle, dit il, que nous voyons se tenir par les buissons, & autour des villes, & qui est aussi nommee d’autre nom Grec Neurophonos, & en Latin Hinnularia. Et elle se sentant gaillarde, & se fiant en sa force & vertu, mange les faons des bestes doulces, tant Cerfs, que Chevreux, Daims, & autres, qu’elle trouve paisants par les chaintres des pastitz. Nous souspeçonnons que cest Aigle est ce que nous nommons un Jan le blanc : car tel oyseau frequente aussi par les montaignes & forests. La seconde espece d’Aigle est surnommee de divers noms par Aristote : Car pource qu’elle ha des taches en ses plumes, on la nommoit Morphna (dit Gaza) comme qui diroit Naevia. Aussi pource qu’elle se paist d’oyseaux de rivieres & de Canes, est nommee Nittophonos, c’est à dire Anataria. On la nommoit aussi Planca, Planga, ou Clanga. Il nous est advis estre celle, que nommons maintenant, un Gerfault. La tierce espece d’Aigle est nommee en Grec Melaenactos : mais c’est pource qu’elle est noire. Les Latins dient Pulla, ou Pulvia : & pource