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De plusieurs oyseaux incognuz.
CHAP. XXIII.


MAINTES choses ont esté escrites de divers oyseaux, qui nous ont semblé fabuleuses : qui est cause que les avons separees de celles qu’estimons vrayes : joinct qu’on en ha autresfois cognu aucuns, desquels n’avons que le seul nom. Encor n’avons peu sçavoir quel oyseau est Brinthus. Aristote au neufiesme livre de la nature des animaux, ha dit, qu’il habite par les montaignes, & forests, comme la Huppe, ayant la voix harmoniëuse, & qui est industrieux en cherchant sa mangeaille. Encor ha dit au treziesme chapitre du mesme livre, que Cinnamulgus, ou Cinnamus, est oyseau d’Arabie, faisant son nid es arbres moult haults, avec des rameaux de Canelle, sur les branches deliees : parquoy les habitants le voulants avoir, à cause de la Canelle qui est plus fine que l’autre, & n’y pouvants avenir pour l’exiguïté, & foiblesse des branches, sont contraints l’abbatre avec des plombets. Lon dit que les Egyptiens attachent certains oyseaux nommez Dacnades, aux coronnes des plus riches, à fin que par leur chanter & debatre, ils les gardent de dormir lors qu’ils se mettent à boire. Pline au dixiesme livre de l’histoire naturelle, confesse ignorer quel oyseau est Incendiaria, ou Spinturnix : & aussi Clivina, autrement nommee Clamatoria, & Prohibitoria. Et tout de mesme de Subis. Tragopanades (dit il au mesme livre parlant De novis avibus, & fabulosis) ou Tragopana, est maintenu plus grande qu’une Aigle, ayant des cornes courbees sur les temples, de couleur de fer : ayant aussi teste de couleur de dacte. Et Pegasus (dit il au lieu mesme) est oyseau ayant teste de cheval. Ovide en met qui ont plumes & pieds d’oyseau es eaux d’Achelous, ayants face, & voix humaines, qui ha esté aussi attribué aux Sirenes. Aristote ha aussi escrit Gnaphalus, comme oyseau estranger, de belle couleur, bien chantant, & ingeniëux à vivre. Lon fait mention de certains oyseaux de la grandeur d’une Oyë, qui vivent es isles de la mer Caspie, qui ont les pieds de Gruë, le dos moult rouge, le ventre verd, le col blanc entremeslé de taches jaulnes, long de deux couldees, & le bec noir, le col blanc entremeslé de taches jaulnes, long de deux couldees, & le bec noir, ayant la voix comme grenoilles. Clitarchus ha fait mention d’un oyseau d’excellente beaulté qu’il nomme Catreus, de la grandeur d’un Paon, ayant les extremitez des plumes de la couleur d’une Esmeraulde. Les Indiens nomment un oyseau Cela, qui est plus grand qu’une Ostarde, ayant grande bouche & longues jambes. Encor en ont un autre nommé Cercio, approchant à la grandeur d’un Estourneau, peinct de diverses couleurs, encor plus babillart que les Papegaulx, & apprend mieux à parler comme les hommes. Mais il porte le service de l’homme mal-aisement, parquoy il se laisse mourir de faim, & est difficile à apprivoser : il remuë la queuë, comme le Cinclus. Les Indiens nomment un oyseau de couleur rouge Dicerus, & les Grecs Dicœus : lon escrit qu’il estoit de la grandeur d’une Perdris, faisant son nid es haults rochers. Si quelcun avoit prins de sa fiante la grosseur d’un grain de mil, destrempée en brevage, il mourra des le soir de mort semblable à un doux dormir sans sentir mal. Parquoy les Indiens s’estudient d’en recouvrer, sçachants qu’il fait oublier touts les maux. Lon parle de certains oyseaux qu’on dit avoir esté veuz es confins de la forest noire, nommee