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nous n’en trouvons rien par escrit, sinon que par souspeçon. Nous en pourros deduire quelque petite chose de certains passages de plusieurs autheurs anciens, tant Hebrieux, Grecs, que Latins, qui en ont parlé quelque mot en passant : Joinct que nous trouvons, que Augurium & Aruspicium, sont aussi prins pour tout autre enseignement tant des arbres, des poissons, & autres animaux, & aussi des plantes : Car Theophraste au quatriesme chapitre du second livre de l’histoire, des plantes, parlant des choses monstruëuses advenuës sur les plantes, dit en ceste maniere : Ergo haec tanqua prodigia, & praeter naturae norma accidere arbitrantur. Neque enim aruspices ista interpretatur, etc. Ad haec fortuit a quoque mutatione, fieri aiumt interdum fructuum, nonnumqua arborum sumatim ipsarum, quae quide Aruspices ostenta esse existimat. Pline parlant des Augures qu’on prenoit des poissons es fontaines, en ha pensé de mesme, comme il appert par ce qu’il en escrit au II. chap. du XXX. livre. In Cantabria Tamarici fontes (dit il) in augurio habentur. Et en mesme passage, Fons Limyrae transire solet in loca vicina, portendens aliquid. Mirum quoque est, quod cum piscibus transit. Responsa ab his petunt incolae cibo, quem rapiunt annuentes. Si vero eventum negent, caudis abigunt. Aristote aussi au second chapitre du sixiesme livre de la nature des bestes, monstre qu’on avoit coustume de sacrifiër des poulles quasi ordinairement. Car il ha escrit : Gallina etiam discita, talia sub septo, quo loco foeminis ova adhaerent, reperta sunt corpore luteo tota magnitudine ovi perfecti : quod proostento Augures capiunt. Mais pource que telles superstitions estoyent faites pour diverses fins, ils avoyent aussi accoustumé tuër diverses especes de bestes. Et qu’il soit vray, quand les prestres Romains vouloyent appaiser les jours caniculiers, nommez Canis ardor, c’est à dire, la chaleur de l’estoille, que tant eux, que les Grecs nommoyent Procyon, ils tuoyent des chiens de couleur rousse telle qu’est le chamelot, à fin qu’en les sacrifiant à la Canicule, la chaleur qui gastoit les bleds en esté se refraischist aucunement par le sacrifice des chiens. Les Romains avoyent les Auspices en si grande recommandation, qu’ils nourrissoyent des Poulsins tout expressement, & les portoyent en touts temps, allants à la guerre tant sur mer que sur terre, ou estants en leurs maisons, pour assoir leur jugement de la contenance d’iceux, & se regler en ce qu’ils devroyent faire sur les gestes, qu’ils voirroyent faire aux Poulsins. Car Suetone en Tybere dit, que Claudius Pulcher capitaine Romain, voyant ses ennemis sur mer, voulut voir manger les oyseaux : mais iceux refusants le manger, les jecta en la mer pour boire en mespris des Auspices. Suetone dit ainsi. Claudius Pulcher non pascentibus in auspicando pullis, ac per contemptum religionis mari demersis, ut biberent, quando esse nollent, etc. Lors que noz soldats tenoyent les champs, ils mettoyent un Coc sur leur bagage allants par païs, comme se resentants de la maniere de faire des antiques Auspices Romains : mais nous le faisons à autre fin, car c’est pour enseigner les heures de la nuict. Cicero dit qu’ils n’avoyent pas seulement coustume de regarder les Poulsins en guerre, ains aussi en leurs maisons en privé. Mais les Aruspices avoyent autre office different aux Auspices, comme il appert par ce que Tybere ordonna qu’on n’allast se conseiller à eux en secret, & sans tesmoings. Suetone escrit au soixantequatriesme chapitre, en Tybere : Aruspices secreto, je sine testibus consuli vetuit. Donc Aruspicia, Auguria, & Auspicia avoyent diverses actions, comme tendants à diverses fins, lesquelles (comme ferons voir par cy apres) n’avoyent non plus de certitude, que la foy que le vulgaire y adjoustoit. Or puis qu’il y ha eu plusieurs