Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/100

Cette page n’a pas encore été corrigée

de pruneaux, Perches, Becasses, Levraux, Cailles, Cines, Albanois, Pastez de pommes, Tartes angoulousees, Tartes de pommes hachees bien en broc, venaison de Chevreau, Hure de sanglier, Gelee commune, Neige en romarin, Pastez de Coings, Tartes de cresme, Tartes d’Angleterre, Gasteaux feuïlletez, Gasteaux joyeux, Formage plaisantin, Butors, petits Poulsins. Plus, Rissoles, petits Chouz touts chaulds, Gastelets baveux, Ratons de formage, Poires à l’ypocras, Poires en sallade, Marrons, Pommes de Capandu, Sallade de Citrons, Sallade de Grenade, Escus de gelee. Nous n’avons entreprins nommer tout ce qu’on pourroit bien nombrer entre les mets des festins, toutesfois que qui le voudroit lire, le trouvera au quatriesme de Pantagruël, au lieu ou il parle des gastrolates. Quant à notre part, nous estimons que les autres nations ne sçauroyent tant nommer de mets en leur langue que les Françoys : Car encor que Martial au quatorsiesme livre parlant De Pistore dulciario, qu’interpretons un succrier, ait dit, Mille tibi dulces operum manus ista figuras Extruet, huic uni parca laborat apis : Si est-ce qu’ils n’avoyent noms propres pour les nommer, comme nous faisons maintenant les nostres. Les Turcs me semblent retenir beaucoup de la maniere des anciens Romains en leur manger, à qui lon avoit accoustumé apporter un grand plat, contenant ce qu’on devoit manger, comme pain, & chair, mises en plusieurs autres petites Vaisselles, esquelles estoit la viande qu’on avoit servië. La maniere de servir les Princes Françoys, à nostre jugement, excede toutes les autres en honnesteté, & ceremonies bien ordonnees : & croy que ce que les panetiers de la court nomment Nefs, est ce que les anciens Empereurs, & Pontifes Romains nommoyent en Latin, Delphini. Une ceremonie est gardee en nostre France, que nulle autre nation n’ha accoustumé faire : C’est, qu’es mesnages & mesmement des personnes privees, lon ne met vaisseau, ne voirre dessus table pour boire : car si quelqu’un ha soif, on luy en apporte du buffet, sur lequel lon tient les vases, & autres utensiles d’argent, ou vaisselles en parures. Il ne fut onc que les seigneurs anciens n’ayent eu leurs sommeliers, & eschansons en office different, comme est maintenant à nostre mode : mais je doute s’ils avoyent des escuïers trenchants, qui leurs coupassent les viandes devant eux. Quelles qu’ayent esté les delices, les repas, le vivre des anciens ou modernes, il n’est aucun qui ne sçache que c’est le lieu, auquel les hommes tiennent divers propos : car lors se trouvants en tranquillité d’esprit, apres avoir vacqué grande partie du jour à leurs exprés affaires, & principalement en lieu propice au souper, chasque personne se trouvant en ces guogues, prononce mots joyeux : Car comme les hommes pour se maintenir en estre, se sentent avoir affaire des biens de nature, ils veulent maintenir leur esprit, & sustenter le corps, & sont contraincts vacquer à leur devoir, pour n’avoir deffault de nourriture. Car il n’est homme qui soit exempt d’un certain devoir deu à tout corps animé. Parquoy l’homme prenant son repas prononce son langage, selon lentretienl’entretien de la compagnie presente : Car encor qu’il soit à part soy, ou il est pire qu’un autre animal, il fait quelque discours en soymesme. Voyons un oysillon tant en sa liberté, qu’esclave, il ne se peut tenir qu’il ne murmure tousjours quelque chose : tout ainsi l’homme au moins s’il ensuit la loy de nature, se trouvant en assemblee pareille à luy, communique ce que luy est advenu de nouveau en la journee. A l’exemple dequoy lon