Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’Évangile aux différentes nations. Les apôtres du protestantisme commencent à s’y rendre en foule et à se choisir les meilleurs endroits, et bientôt la cupidité et l’avarice de l’homme civilisé feront les mêmes agressions ici que dans l’Est, et l’abominable influence des blancs qui se sont établis sur les frontières interposera la même barrière à l’introduction de l’Évangile, que tous les sauvages paraissent avoir le désir de connaître, et qu’ils suivront, comme les bons Têtes-Plates et Ponderas, avec fidélité.

Pendant tout mon séjour aux montagnes, je disais régulièrement la sainte Messe les dimanches et les jours de fêtes, ainsi que les jours où les sauvages ne levaient point le camp au matin. L’autel était construit de saules ; ma couverture formait le devant d’autel, et toute la loge était ornée d’images et de fleurs du pays ; les sauvages s’agenouillaient en dehors dans un cercle d’environ deux cents pieds, entouré de petits pins et de cèdres, qu’on y avait plantés exprès ; ils y assistaient assidûment avec la plus grande modestie, attention et dévotion ; et comme ils appartenaient à différentes nations, ils chantaient les louanges de Dieu en tête-plate, en nez-percé et en iroquois ; les Canadiens, mon Flamand et moi nous chantions des cantiques en français, en anglais et en latin. Les Têtes-Plates avaient la coutume depuis plusieurs années de ne jamais lever le camp le dimanche et de passer cette journée en pratiques de dévotion.