Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

me trouvai épuisé : je crois avoir monté à la hauteur de 5, 000 pieds ; j’avais traversé des neiges amoncelées à plus de vingt pieds d’épaisseur, et cependant la cime de la montagne était encore à une grande élévation au-dessus de ma tête. Je me vis, donc contraint d’abandonner mon projet f et je m’assis. Je pensais aux pères de la Compagnie qui desservent les missions sur les bords du Mississipi et de ses tributaires, depuis Council-Bluffs jusqu’au golfe du Mexique. Je pleurais de joie aux heureux souvenirs qui s’éveillaient dans mon cœur. Je remerciais le Seigneur de ce qu’il avait daigné favoriser les travaux de ses serviteurs, dispersés dans cette vaste vigne, implorant en même temps sa grâce divine pour toutes les nations de l’Orégon, et en particulier pour les Têtes-Plates et les Ponderas, qui venaient si récemment et de si bon cœur de se ranger sous l’étendard de Jésus-Christ. Je gravai en gros caractères sur la surface molle d’un rocher cette inscription : Stus. IGNATIUS PATROXUS MONTIUM. DIE 23 JULII AN. 1840.

Je dis la messe en action de grâces au pied de cette montagne, entouré de mes sauvages qui entonnaient des cantiques à la louange de Dieu, et je m’installai dans le pays au nom de notre saint fondateur. Implorons son secours, afin que, par son intercession dans le ciel, cet immense désert, qui donne de si grandes espérances, puisse bientôt se remplir de dignes et infatigables ouvriers. C’est aujourd’hui le temps favorable pour y prêcher